Constitué de plages très différentes en longueur mais bourrées de sons qui ont (volontairement) du mal à décoller, l’album n’est pas dénué de tout marcottage marketing. Les effets sont parfois attendus comme les descentes et montées entendues cent fois dans ce type d’objet sonore entre grandes parties électro-pop. Il ne semble pas forcément chercher a priori la nouveauté voire exploite des filons avant que la créatrice s’empare de matières sonores afin de créer une cathédrale de sons non sans rappeler Linda Perhacs que la Californienne a contribué à faire ressortir de l’ombre après 40 ans de presque silence.
Ce double album — d’une heure et demie d’une artiste qui a étudié les musiques savantes avant de glisser dans la pop — est fait de paysages sonores où Julia Holter sait exploiter les idées qu’elle crée tout en acceptant de se perdre dans des méandres qui osent parfois (souvent même) ce qu’on espère . Un certain égarement là où l’artiste prend en compte l’apocalypse du monde
Elle semble parfois y être enveloppée et non seulement sous forme de « poses ».. Existe donc là un travail de liberté avec une appétence hybride à la fois pour la musique sérielle, le baroque et le moyenâgeux comme pour les arias pop. Le tout à la fois déconstruit et reconstruit entre flux et reflux, répulsion et fascination au sein de sons discordants et harmonieux.
C’est plutôt intéressant mais sans doute trop populaire pour ceux qui aiment les musiques plus expérimentales et souvent peu audibles pour ceux qui aiment la pop « classique » et plus légère.
jean-paul gavard-perret
Julia Holter, Aviary, Domino Recording & Co, 2018