Jacques Cauda, Les Berthes

« Peau­si­tion »

Dans le deuxième volet de sa tri­lo­gie, les jambes de la femme sont des appeaux longs. Pour preuve « aux Berthes / le « sen­te­ment » mêle / le sen­ti­ment à la marche ». C’est la manière d’aller par sauts et gam­bades, sentes, che­mins et en sueur vers de l’hypeau­thèse du veau d’or et le Graal des Berthes aux den­telles que, pour une fois, le sacri­pan en état de caresses sou­lève à peine. Il ne se fait pas sacris­tain pour autant mais poète d’un goût ner­va­lien là où la mort et l’amour se mêlent dans un quasi sein suaire. Et si l’auteur et peintre fait tou­jours par­ler la nudité du modèle, la soli­da­rité avec l’interdit prend ici de nou­veaux che­mins de tra­verse. Il y a là à peine du mari­vau­dage éro­tique au moment où l’étamine de rien sacre un mas­sage en lieu de place d’un mas­sacre.
Pas ici, chose faite, d’ite missa Est ou Ouest mais un savant dosage dans l’empyrée du milieu. Elle se décline en miel­lo­pées presque dou­ce­reuses. « Dis­si­mulé sous / Une grande feuille noire » le ram­peur caché en lui-même se fait voyeur pour des­si­ner l’invisible thrène des « filles fleurs de farine » et leurs peaux pierres.

Dès lors, Cauda sur­prend par sa sagesse : certes, il existe encore des images car­nas­sières et des croupes ter­reuses. Mais aux fureurs des sauts d’hommes il pré­fère les sèves d’ornements et à la fureur du diable la peau douce. Le tout en hom­mage à la Berthe parmi les Berthes qui en fin de livre lui pré­sente sa requête pour une esthé­tique nou­velle.
Tou­te­fois, un doute reste per­mis. Cauda a-t-il revêtu une pelisse de gou­pil pour mordre des gélines ? Ne risque-t-il pas de feindre de ché­rir pour pré­pa­rer une volée de bois vert sous madri­gal madré ? L’équarrissage du sage n’est-il pas remis à plus tard ? Il faut en effet se méfier du phé­no­mé­nal peau­cier même si avec lui les Berthes prennent un grand pied. Sans sotie de secours, le ron­deau a vite fait de tom­ber à l’eau. Car le bar­bare barbu reste « le ser­pent à tête de che­val » qui trans­forme les his­toires de flotte en fandang’O.

jean-paul gavard-perret

Jacques Cauda, Les Berthes, Z4 édi­tions, 2018, 102 p. — 11,00 €.

 

 

 

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