Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu

L’illu­sion de Dieu

Richard Daw­kins est bio­lo­giste. Il est éga­le­ment étho­lo­giste, c’est-à-dire spé­cia­liste de l’étude scien­ti­fique du com­por­te­ment des espèces, y com­pris, bien sûr, l’Homme. Il est paral­lè­le­ment un scien­ti­fique reconnu de l’évolution. En 2006, il publie The God Delu­sion, tra­duit dans la ver­sion fran­çaise par Pour en finir avec Dieu.
Il se pro­pose d’examiner, dans cet essai, l’hypothèse de l’existence de Dieu, de ten­ter un rai­son­ne­ment exhaus­tif avec toute l’objectivité d’une démarche scientifique.

Il est vrai que la com­plexité de l’univers donne une appa­rence de “des­sein” d’où la ten­ta­tion d’imaginer un être supé­rieur, un créa­teur sur­na­tu­rel de cet ensemble. Dans les pre­miers cha­pitres, l’essayiste dresse un état des lieux de la reli­gion, du poly­théisme au mono­théisme en pas­sant par toutes les variantes comme le sécu­la­risme. Il reprend une réflexion d’Ibn War­raq dans son livre Why i Am Not Mus­lin qui sup­pose que le mono­théisme est à son tour condamné à perdre encore un dieu pour arri­ver à l’athéisme.
Il consi­dère avec un esprit car­té­sien que la foi – croyance qui n’est pas fon­dée sur des preuves – est l’un des plus grands maux ter­restres avec le créa­tion­nisme. Il revient sur les argu­ments en faveur de l’existence de Dieu, que ces preuves soient édic­tées par Tho­mas d’Aquin, Pas­cal ou les argu­ments bayésiens.

Puis, Richard Daw­kins affine son pro­pos, il expose les idées, les faits, déve­loppe ses argu­ments et réfute avec pré­ci­sion et impar­tia­lité toutes les thèses, les rai­son­ne­ments qui amènent à pen­ser que Dieu existe. Il se fait his­to­rien, rap­pe­lant d’où vient l’idée reli­gieuse, les racines des reli­gions, la néces­sité d’un sens moral. Il étu­die la Sainte Bible, évoque l’endoctrinement des enfants, il expli­cite l’instrumentalisation des cari­ca­tures de Maho­met.
Il montre, avec humour que le mono­théisme de la branche catho­lique romaine du chris­tia­nisme génère un poly­théisme avec La Tri­nité, Marie, la reine du ciel, qui fait l’objet de fortes dévo­tions, puis d’une armée de saints qui peuvent s’assimiler à des demi-dieux.
Il cite Carl Sagan qui exprime une autre approche : “Si par “Dieu”, on entend l’ensemble des lois phy­siques qui gou­vernent l’univers, alors il est clair que ce Dieu existe.”

L’auteur livre aussi une liste des actes bar­bares per­pé­trés au nom de Dieu, par toutes les reli­gions sans excep­tions, qui auraient pu, qui pour­raient sans doute dû être évi­tés si le monde était sans reli­gion. Il joue avec les non-sens, cite nombre de scien­ti­fiques, de phi­lo­sophes, étaye ses argu­ments en fai­sant fi de toute par­tia­lité, décor­tique les liens entre poli­tique et reli­gion.
Pour en finir avec Dieu se révèle un essai pas­sion­nant, aux pro­pos fon­dés, éru­dits, ponc­tués d’humour dans la façon de pré­sen­ter cer­tains concepts, cer­tains idiomes, cer­tains sophismes.

serge per­raud

Richard Daw­kins, Pour en finir avec Dieu (The God Delu­sion), tra­duit de l’anglais par Marie-France Desjeux-Lefort, Per­rin, Col­lec­tion “Tem­pus” n° 255, mars 2018, 544 p. – 11,50 €.

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