Barbara Abel, Je t’aime

Amour et addiction

“L’amour est une puis­sance dont la force est capable de faire ou défaire un des­tin. Aussi doux qu’il peut être sau­vage, aussi exal­tant qu’il peut être pitoyable, aussi divin qu’il peut être démo­niaque, il est mul­tiple, com­plexe et incons­tant… ceci n’est pas exac­te­ment une his­toire d’amour, même si on ne peut nier l’influence capi­tale qu’il va exer­cer sur les des­ti­nées de Maude, Solange, Nicole et Alice. Quatre femmes dont les routes vont se croi­ser au gré de leur façon d’aimer par­fois, de haïr sou­vent. Parce que rien n’est plus proche de l’amour que la haine…“
Bar­bara Abel, auteure belge de L’innocence des bour­reaux , Der­rière la haine », Je sais pas  nous revient au som­met de sa forme avec un sus­pense psy­cho­lo­gique met­tant en scène le des­tin de quatre femmes qui vont s’entrecroiser.

Il y a tout d’abord Solange, maman d’un petit gar­çon, femme hyper active avec un métier pre­nant dans l’immobilier. Vient ensuite Maude, qui a recom­posé une famille auprès de Simon, et qui doit essayer de main­te­nir une har­mo­nie entre ses enfants et sa belle fille Alice. Alice, qui vient tout juste d’avoir 18 ans et qui ne rêve que d’indépendance. Nicole quant à elle, élève seule Bruno, son fils étu­diant, et a bien du mal à joindre les deux bouts, même avec son métier de gref­fière.
Alice fré­quente Bruno, dans le plus grand secret, jusqu’à ce que Nicole les découvre tous les deux dans le plus simple appa­reil, com­plè­te­ment shoo­tés, et ivres de leur bon­heur. Dès lors, tout va bas­cu­ler, la vie de tous ces per­son­nages va entrer en col­li­sion, et leur quo­ti­dien va virer au cau­che­mar après un tra­gique accident…

Ce roman noir met en avant les lacunes de la jus­tice, et entame une réflexion sur le thème de faire jus­tice soi-même. Un acci­dent de la cir­cu­la­tion ser­vira de déto­na­teur à une explo­sion en chaîne d’événements tra­giques, face aux­quels les dif­fé­rents pro­ta­go­nistes de l’histoire ne seront pas armés. Une his­toire où les femmes, les mères prin­ci­pa­le­ment, détiennent les atouts d’un jeu cruel qui doit livrer un(e) cou­pable à la jus­tice. Une mère en deuil tout d’abord, com­plè­te­ment dépas­sée, amorphe, suite à la tra­gé­die qu’elle tra­verse. Elle suit le cours des choses, mais n’agit pas vrai­ment.
Une seconde mère, éga­le­ment en deuil, tra­vaille dans le sys­tème judi­ciaire et a décidé de tout faire pour ven­ger la mort de son fils. Car, pour elle, la ven­geance prend le pas sur la jus­tice.
Face aux deux pre­mières femmes, la troi­sième mère, hyper pro­tec­trice, lutte pour gar­der sa nou­velle famille unie, mais va la mener à la des­truc­tion. Et, au milieu de ce tour­billon, se débat une ado­les­cente, qui vient tout juste de décou­vrir l’amour pour le perdre !

Quatre por­traits de femmes magni­fi­que­ment dres­sés par l’auteure, et quatre femmes empor­tées par un drame. Car le talent de Madame Abel réside bien dans le fait de rendre chaque per­son­nage ter­ri­ble­ment humain. Elle fait preuve d’une rare psy­cho­lo­gie et de beau­coup de finesse, chose com­mune à tous ses romans, et qui fait d’elle une des reines du thril­ler psy­cho­lo­gique.
Ce roman met aussi en ques­tion l’usage des drogues douces et leur com­mer­cia­li­sa­tion. Les consé­quences qu’elles peuvent avoir dans la vie quo­ti­dienne ne sont pas à prendre à la légère et peuvent conduire une famille à sa perte.

Je t’aime est un livre pre­nant, qui ralen­tit un peu au milieu, mais qui connaît un tel dénoue­ment, que vous com­pren­drez mieux pour­quoi l’amour est si proche de la haine.

franck bous­sard

Bar­bara Abel, Je t’aime, Bel­fond noir, mai 2018, 342 p.-18,90 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller, Romans

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