Photographiant en plans généraux comme en plans rapprochés les femmes (pas n’importe lesquelles), Blaise Reutersward ne sacrifie pas forcément à la tyrannie de la proximité. Et c’est là le paradoxe d’un artiste international qui, après avoir fait ses gammes pour Hermès ou chez Vogue, poursuit la quête de ce qu’il considère comme un « grand romantisme » assumé comme tel.
Réalité et rêve « sombrent » ensemble dans la hantise de lieux. Devant dess architectures choisies avec précision, la femme tient la place essentielle, elle « indétermine », trouble toutes références. D’autant que s’approcher de telles égéries fait le jeu du lointain tant elles semblent d’un autre monde, à la fois ailé et tourmenté.
Par effet de présences érotiques au sein de l’espace, des effets de pans et d’érections du féminin créent une vision hallucinatoire et de disjonction. Hors la femme, le réel se réduit à sa plus simple expression, il s’engendre tel un fétiche livré au risque de sa défaillance panique : la même que le regardeur éprouve face à de telles femmes.
jean-paul gavard-perret
Natalia Goldin Lundh, Blaise Reuterswar, Hatje Cantz, Berlin, 2018 — 30,00 €.