Nadège Druzowski (photo Hamza Kubba) pousse devant elle de grandes ombres souveraines du présent comme du passé. Tout référent n’est suivi que par l’attrait que l’artiste subit ou plutôt reçoit au sein de ses quêtes. Existe toujours une subtile gravité dans sa manière de saisir des mondes de silence. Manière de tenir dans le temps que nous ne tenons jamais : qui sait ? C’est peut-être un temps à l’état pur. L’artiste en déplace sans cesse l’immobilité. Elle crée une insistance dans l’absence au sein de lieux qui sont peut-être les nôtres mais auxquels l’artiste donne une autre forme, poésie et présence.
A voir : http://www.ndart.fr/
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Ma fille.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je voulais devenir grand reporter. J’espère que la plasticienne peut quand même un peu façonner ou apprendre à regarder le monde différemment.
A quoi avez-vous renoncé ?
Aux grasses matinées.
D’où venez-vous ?
D’Ecosse, où j’ai habité les cinq dernières années.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un esprit de curiosité, et le sourire, qui me pousse toujours vers de nouvelles rencontres, nouveaux horizons et nouveaux projets.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Regarder les gens passer de ma fenêtre ou d’un café.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Ma formation de journaliste, qui souvent définit comment j’approche un projet artistique. Elle a, par exemple, été déterminante dans la réalisation de mon court métrage Un Désert au Cœur du Monde , qui part sur les traces laissées par les moines Chartreux depuis près de mille ans dans le paysage. [ note de l’interviewer : le DVD du film et son livret sont maintenant disponibles à la vente ]
Comment définiriez-votre approche du réel ?
Je m’inspire toujours du réel, un lieu, une photo, que je transforme pour le rendre plus énigmatique.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Un tableau de Zao-Wou-Ki dans le dictionnaire.
Et votre première lecture ?
Le premier livre que mon père m’a acheté. Il avait fait de ce premier achat un événement, je me rappelle encore du lieu et du rayon où j’ai choisi le livre… « Petit Panda ».
Quelles musiques écoutez-vous ?
De la pop, de l’électro et beaucoup de musiques du monde, notamment africaine.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Le Nuage en Pantalon » de Maïakovski.
Quel film vous fait pleurer ?
« Family Life” de Ken Loach.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une personne toujours trop pressée.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je n’ai jamais eu d’envie refrénée de ce côté là.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
L’île de Pâques, que j’ai eu la chance de visiter.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Ou plutôt que j’admire : Gauguin, Per Kirkeby, Peter Doig, David Claerbouts, Doug Aitken, David Lynch.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Tous les amis des différents pays où j’ai habité pour une grande fête.
Que défendez-vous ?
La Terre, notre planète. Ma dernière collaboration avec la poète Béatrice Brérot est un hommage à la terre.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est plutôt pessimiste. Plus on donne d’amour, plus on en reçoit.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Il faut parfois dire oui sans trop réfléchir, sinon on ne fait rien.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
On peut recommencer ?
Entretien réalisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 24 mars 2018.