Arnaud le Vac crée une rhétorique poétique à la recherche de meilleure formulation possible d’une réalité dont il est inséparable mais dont le sens échappe à beaucoup. Si bien que On ne part pas devient phénomène d’être. Le livre se termine par une suite de rappels : Hugo, Rimbaud, Nietzsche, Tzara, Joyce, Beckett et bien d’autres jusqu’à Cécilia Bartoli sont présents pour évoquer comment des vies jouent et déjouent « en un instant / tous les drames / et les joies du temps ». Pas question de lui échapper. Il s’agit de rester présent au présent au sein de ce qu’il charrie.
D’une certaine manière le texte l’hypnotise là où la poésie trouve sa ligne de crête « banalité d’un côté/ horreur de l’autre ». Avec cette délimitation qui n’a rien de théorique Arnaud Le Vac nous plonge dans la problématique centrale de l’existence. Tout se joue dans ce mouvement. Il jouxte au plus près l’énigme de l’être. Le poème, en tant que phénomène d’être, prend un sens particulier. Il devient un mode de vie intégrale en s’éloignant autant de l’affectivité trop prégnante que d’un symbolisme intellectuel trop abstrait et discursif.
Tous les textes témoignent d’une sensibilité et d’une lucidité là où les références ne sont là que pour parachever l’essence d’une expérience particulière hors des panoplies de ressemblances. Le livre fait sortir de son énoncé pour projeter au-delà de la pensée, au-delà de ce qui existait déjà de quelque façon On ne part pas est tiré des obscurités intérieures où il préexistait au nom des lois de la nature du monde, de l’ordre (ou le désordre) de monde et de la magie de la création.
L’œuvre reste première pour une contemplation de l’existence. Elle n’est pas indépendante du principe de la raison, mais celui de l’Imaginaire lui donne toute sa profondeur en devenant autant une affaire de vision que de technique.
jean-paul gavard-perret
Arnaud Le Vac, On ne part pas, Editions du Cygne coll. Le chant du Cygne, Paris, 2017, 56 p. — 10,00 €.