Jacques Clauzel, Voie sans voie et lune

Stèle et éclipse en une seule apnée

Le noir et ses décli­nai­sons par effet de rec­tangles sta­bi­li­sés. Ce sont des briques en deux D., des for­ti­fi­ca­tions pour que l’oubli repose. Le passé et l’instant y sont latents et appellent le futur. Des blocs d’infinitifs s’agencent et se dis­tinguent mon­tés l’un sur l’autre ou pla­cés côte à côte pour divers types d’ensembles. Chaque cou­leur en un rec­tangle devient la struc­ture d’un silence. Le jour est acces­sible même par le noir que chaque pan absorbe dans ce qui devient vitrail opaque en un seul éti­re­ment.
Jacques Clau­zel dresse ses obs­tacles à l’abrupt d’un regard strict. Chaque œuvre crée une unité qui des­sine des bornes selon une extrême rigueur qu’a sans doute pré­cédé une suite de tâton­ne­ments. Tout demeure aride mais sai­sis­sant. Chaque cou­leur et forme paral­lé­lé­pi­pé­dique cimente son propre domaine au sein des struc­tures rigi­di­fiées par ce qui tremble en elles.
Une puis­sance reste entière dans l’abri du séparé et du join­toyé. La mêlée n’est jamais pré­sente. En écarts et attou­che­ments, dans une sorte de nuan­cier, le monde se réduit à un pay­sage mental.

Chaque œuvre devient une sorte de grille et de matrice, ouver­ture ou fer­me­ture, béance contra­riée. Elle ne frac­tionne pas les mor­ceaux qui la consti­tuent : elle les accom­pagne. Stèle et éclipse en une seule apnée à l’épreuve du temps.

jean-paul gavard-perret

Jacques Clau­zel, Voie sans voie et lune, texte de Salah Sté­tié, Fata Mor­gana, Font­froide le haut, 2016, 24 p. — 450,00 €.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Poésie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>