Anne Eliayan a photographié des femmes nues, en toute pudeur. Il y a là bien sûr de l’humour et une manière de faire patiner le fantasme espéré. C’est pertinent, délicat, enjoué. Voire presque amoureux. Ce déphasage du montage crée une sorte de pop-art et de surréalisme.
Les portraits « parlent » loin de toute propension psychologique et mentale avec les formes, les couleurs et leur fantaisie. Le masque permet une liberté et un dédale d’interprétations. D’abord aux femmes modèles, puis à l’artiste mais aussi à celui qui regarde.
Les portraits « parlent » loin de toute propension psychologique et mentale avec les formes, les couleurs et leur fantaisie. Le masque permet une liberté et un dédale d’interprétations. D’abord aux femmes modèles, puis à l’artiste mais aussi à celui qui regarde.
Nue mais sertie, la femme dont le masque devient un string déplacé fait résonner son corps hors poinçon nostalgique. D’où la jeunesse renaissante sur des corps adultes qui peuvent jouer les nymphettes aux bains ou les Diane chasseresse. Anne Eliayan refuse toute soumission au passé ou à l’image de l’apparence par ses effets d’hybridations et de dédoublements. L’image n’est plus un reflet : elle avance pour retrouver le réel, cernant de plusieurs côtés la perte en laissant le champ libre à tout ce qui pourrait advenir.
« Les poupées ont une symbolique forte pour moi. Elles sont le passé, faisant référence à l’enfance mais également elles questionnent le futur, le temps qui marque le visage de la femme à l’inverse de la poupée immuable. Dans cette série j’ai également mis toutes mes interrogations sur la notion de femme-poupée, celle qui est convenue, convenable, dans une époque où le paraître prédomine. J’ai voulu dire que la femme est belle à tout âge.».
Les dogmes de l’esthétique de divers temps et lieux se mêlent mais se distancient à travers des œuvres qui troublent l’idée du portrait. Au sein de la figuration, cette série pousse une porte non seulement sur l’onirisme mais vers une vision “lynchéeene” des êtres. Et si la figuration fait loi, on est loin du réalisme. C’est bien là le piège nécessaire choisi par l’artiste pour confondre et confronter ce qu’il en est de l’être dans son rapport au réel et à sa propre image.
Le diable du réel est à nos trousses mais il est pris dans un univers formel aux images algorithmiques.
Le diable du réel est à nos trousses mais il est pris dans un univers formel aux images algorithmiques.
lire notre entretien avec l’artiste
jean-paul gavard-perret
Anne Eliayan, Regardons sous la peau de l’O, textes de Christian Pic, Editions Arles Gallery, 2017,
coffret porte-folio comprenant 30 photos, 14 encres et un recueil de textes poétiques, vendu 150 euros.
coffret porte-folio comprenant 30 photos, 14 encres et un recueil de textes poétiques, vendu 150 euros.
Exposition à Corridor Elephant, Paris, Août 2017 et dans les Rencontres de la Photographie OFF d’Arles, été 2017.
Retrouvez le travail de Anne Eliayan dans le site : www.arlesgallery.com.