Bien peu de nos contemporains connaissent le nom du général Corap dont Max Schiavon dans une biographie très riche et fort bien documentée, rappelle qu’il a été désigné comme responsable de la défaite de 1940 par un pouvoir politique toujours habile à se laver de ses propres insuffisances. Cette biographie constitue une manière tout à fait originale de revenir au drame de mai 1940, quand le destin de la France s’est joué.
Pourtant André Corap avait tout pour marquer positivement l’histoire. Beau produit de l’institution militaire, il participe à la guerre du Rif, devient chef d’état-major du général Weygand et se retrouve à la tête de la seconde région militaire d’Amiens.
C’est donc sur lui et sa 9ème Armée que déferlent les Panzerdivisions en mai 1940. Et il sentira alors le poids des manques dont souffre l’armée française, lui qui n’a cessé de les dénoncer et d’alerter ses supérieurs des dangers pesant sur elle. A partir du 10 mai l’engrenage de la catastrophe se met en place. Max Schiavon nous fait vivre jour après jour le déroulement de cette tragédie qui vit le front français enfoncé et la défaite totale se profiler sur la Meuse.
On découvre alors le fonctionnement de l’armée pendant ces heures cruciales, la manière dont Corap tenta d’enrayer le drame et la façon peu glorieuse avec laquelle il fut jeté en pâture à l’opinion publique.
Plus qu’une œuvre de réhabilitation, cet ouvrage reprend tout le dossier de la défaite de 1940 sur laquelle il reste encore beaucoup à dire.
frederic le moal
Max Schiavon, Corap. Bouc émissaire de la défaite de 1940, Perrin, juin 2017, 398 p. — 23,50 €.