Claude Yvroud nous ramène à notre condition humaine d’êtres rampants ou debout, pour le bien (ou le mal) que ça fait, dévêtus, nus, libres, encombrés, hésitants ou en gémissant en des situations où les effets de vie sont remplacés par les effets de vue. « Là mettez-vous là assis non pas debout non non pas de presque d’approximatif rien retournez-vous je saute nus ! au repos et dans le champ ! » dit une voix. Impérative, la vocative. Ou saugrenue pour le saut sinon dans le vite ou le vide du moins dans sa proximité.
Là où tout commence ou finit pour l’humain trop humain qui sacrifie tout à sa vue. De l’esprit. Ne reste alors – et faute de mieux – qu’à ressasser. En une attente sans attente ou la fusion est sensorielle. Dans les deux cas, quelque chose de nocturne est présent. Toutefois, cette présence reste insaisissable. Car surgit du livre un calme étrange, particulier. Il isole les silhouettes, efface les ordres, badine avec l’amour et le reste. Le reste surtout.
Arrêter, continuer devient un don qui ne peut être reçu. Sans doute essentiellement parce que peu à peu tout fatigue. Reste au mieux une sorte de coïncidence défaite. Mais n’est-ce pas pourquoi nous éprouvons à la lecture du texte une étrange ressemblance avec lui ? Ces glissements qui divisent fascinent.
Demeure une impalpable saveur et peut être un espoir excessif… Mais tout compte fait n’est-ce pas ce qu’on cherche et qui fait l’importance de nos agissements vicaires ?
jean-paul gavard-perret
Claude Yvroud, Arrête arrête continue continue, si tu veux, Propos2Editions, 2017, 62 p. — 9,00 €.