Cette année, le Festival ouvre un échange culturel avec l’Italie représenté par une dizaine d’artistes ; cela se traduit aussi par une coopération avec l’Archivo Fotografico Italiano (AFI). L’Archive Photographique Italienne a consacré des années à la promotion et à la diffusion de la photographie d’art, Les sujets en sont variés : reportage, portraits, photographie artistique. plasticienne, etc. L’AFI collabore avec des organismes gouvernementaux, des archives privées, des écoles et des collèges offrant des cours et formation portant sur la gestion du patrimoine visuel en vue de l’archivage d’images considérées comme historiques ou sociologiques.
L’ensemble présenté à Arles, tout en cultivant un érotisme « doux », montre comment le reflet photographique est formateur de l’idéologie d’un temps jusque dans sa scénarisation du nu ou de l’érotisme plus ou moins « recouvert ». Le miroir du corps est aussi celui de la société : face au nu, celle-ci propose une illusoire protection en limitant le nu par effet autant de voile que de suggestion. L’art italien a toujours été fort dans ce domaine tant il fut habitué aux culottiers du pape relayés ou doublés par ceux du fascisme puis du communisme.
L’exposition montre les tours et détours de passe-passe afin de créer un paysage merveilleux où l’éros comme sa censure est à la fois partout et nulle part. Cette monstration brouille les cartes qui donnent de l’atout uniquement aux médias platement salaces comme aux règles du jeu de diverses obédiences. La photographie devient une surface où les bulles crèvent parfois subrepticement.
Le nu donne toujours un air de fête à des corps qui — dans leur éclectisme — narrent une histoire plus ou moins subversive. Parfois, les femmes sont des fantômettes, mais parfois elles sont à l’aise dans leur chair. Botticelli a inspiré les esthètes de l’argentique.
jean-paul gavard-perret
Archivio Fotografico Italiano, 17e festival européen de la Photo de Nu d’Arles, Du 5 au 14 mai 2017, Arles.