L’ “ordo amoris” d’Iris Gallarotti : entretien avec l’artiste

En quête d’une image-mère, Iris Gal­la­rotti ne se veut pas cher­cheuse de tro­phées ima­gi­naires mais d’un regard du plus pro­fond sur l’être. Jaillit ce qui se trame dans nos vies, pen­sées, affects donc dans notre corps. Au rêveur endormi fait place l’insomniaque rêveur sidéré par ce que le des­sin trans­pose dans un champ de per­cep­tion sen­so­rielle par­ti­cu­lière : au por­tant visuel du réel font place ses points de repère, ses points de capi­ton. Il convient en consé­quence de se lais­ser aspi­rer par la qua­dra­ture des des­sins et ten­ter de refaire sur­face en leurs lignes de forces.

http://www.irisgallarotti.com

 Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le soleil, et mes filles.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils sont tou­jours là, moteurs de ma vie.

A quoi avez-vous renoncé ?
A l’innocence.

D’où venez-vous ?
De parents doués de leurs mains qui pen­saient que l’argent ne fait pas le bonheur.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’art, la dif­fé­rence et la liberté de penser.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
J’ai plein de petits plai­sirs, très simples, un ce n’est pas assez.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Rien je crois, comme eux je suis juste moi.

Com­ment définiriez-vous votre approche du des­sin ?
Pen­dant des années j’ai fait de la vidéo et des ins­tal­la­tions, j’avais oublié le des­sin. Puis j’ai perdu ma mère et je m’y suis replon­gée de façon obses­sion­nelle, inten­sive et intuitive.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Voir Casi­mir orange sur une télé­vi­sion en noir et blanc.

Et votre pre­mière lec­ture ?
« Au bon­heur des Dames » de Zola.

Quelles musiques écoutez-vous ?
En ce moment j’écoute en boucle ce que j’écoutais déjà à 20 ans… Por­ti­shead, Tin­ders­tiks, Sonic Youth, PJ Har­vey, Calexico…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je relis sou­vent Deleuze, « Mille pla­teaux », jamais en entier, seule­ment des fragments.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« Une femme sous influence » de Cassavetes

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une femme qui vient de se cou­per les che­veux et qui est en train de chan­ger de vie.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A Mar­gue­rite Duras.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Los Angeles.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Vir­gi­nia Woolf, Louise Bour­geois, Patti Smith et tous mes ami(e)s artistes.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Des œuvres de mes amis.

Que défendez-vous ?
La liberté de pen­ser et de se réaliser.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Que c’est triste. Je pré­fère le concept d’ « intime » dont parle Fran­çois Jul­lien dans son livre.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ? »
Mais non !

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Qu’est-ce qui vous fait vous cou­cher le soir ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 7 novembre 2016.

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