Rose incendiaires de personne
Les photographies de Gilles Berquet, les dessins de Mïrka Lugosi, puis les photographies du premier peintes par la seconde font que, contrairement à ce qu’on croit voir, le corps regarde le monde. Sa présence dessine et colore l’univers. Les deux artistes voient les mondes qui s’éteignent comme ils anticipent ceux qui viennent.
Le regard cesse d’être miroir. D’une image l’autre : s’augmente l’âge du monde à travers un conte optique. Il n’est comptable qu’avec la caresse de l’œil. Ce conte estcelui de l’œil sur le monde par le dessin et la photographie incessamment actives. C’est autant l’appel renouvelé d’un instant au suivant, comme un toucher du corps sur l’univers.
Le partage entre les deux interprétations du monde par Mirka Lugosi et Gille Barquet se complète en une sorte de vaisseau érotique à double entrée cosmique et dans un rayonnement concerné qui n’a rien de fossile. Les œuvres créent un univers stationnaire par la fiction à partir de laquelle s’explore un monde. Il se découvre parcouru par ce rayonnement du féminin entre éloignement et rapprochement réciproques.
L’observation physique du corps féminin résout la « dialectique de la raison » décrite par Kant dans le second versant de la Critique de la raison pure. Les images donnent l’impression que monde n’a aucun commencement dans le temps. D’où cette curieuse expérimentation philosophique et visuelle. L’univers possède un âge et un corps absolu et astral par celui de la femme : elle reste le point de départ de toute observation.
jean-paul gavard-perret
Gilles Berquet & Mirka Lugosi, Doctor Seek and Mister Hide, Vasta Editions, 2016, 32 p.