Chloé Poizat, Ne pas oublier

Chloé Poizat, Ne pas oublier

Lapins carottes

Chloé Poizat accorde au néant une identité à travers le temps et l’espace de ses dessins, leurs énigmes ou leurs clés de 12. Joueuse de feu, elle mêle au dessin le collage pour sculpter des comas en rien éthyliques. Seule l’horreur délicieuse enivre en des graphies-projections de la translucidité. Il y a là des fenêtres animales, des hybrides abattus, des racines d’épouvantes et de palétuviers noirs.
Néanmoins une cer­taine retenue ose une forme d’utopie paradoxalement  culti­vée au passé. Le regar­deur devient voyant. Il ignore cependant ce qu’il en est de l’espace et du temps. Au tabou, l’artiste pré­fère le hasard du désir, la dérision du collage. Des pan­di­cu­la­tions plus ou moins stel­laires assom­brissent l’horizon si bien qu’il finit par se perdre dans le hasard du vide.

En femme poli­cée, Chloé Poi­zat n’hésite jamais pour­tant à assas­si­ner l’espèce. Certes, sans jamais tuer mais en fai­sant abs­trac­tion de sa pro­vi­soire éter­nité. Il y a de la sor­cel­le­rie dans l’air ou plu­tôt sur la papier. Ayant rivé en elle le tact du désordre, la traî­tresse mul­ti­plie illu­sions et miracles avec beau­coup d’ombres. Mais c’est au regar­deur de les por­ter, tel l’éternel péni­tent de celle qui fait de lui la cible de ses effrayantes fri­vo­li­tés.
Tou­te­fois, sa séduc­tion fait qu’on lui par­donne tout. Cha­cun espère que ses lapins et lapines carottent  se promènent encore sans se perdre pas en chemin  mais en ne cessant d’exhiber leur rable.

jean-paul gavard-perret

Chloé Poizat,

– Ne pas oublier, Editions Lendroit, « Cathedral Cavern », Editions Nièves, 2016
Cathedral Cavern, Editions Nièves,

 La poursuite du lointain,  coéditions Musée Canel et N’Boooks

 

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