Ren Hang : territoires sensibles
Sans avoir besoin de proposer une exhibition explicite, Ren Hang inscrit une existence libre qui exclut tout fantasme basique. Le sexualisation est presque immaculée, toujours impeccable même si dans certaines photographies le créateur suggère une certain envahissement (tenu à distance).
Tout joue sur le désir de montrer et de cacher : montrer le corps pour cacher ce qu’il en est de l’amour. Celle qui le provoque renverse la problématique de l’inégal partage : la niche de Vénus n’implore pas forcément la visite. Pour autant, Ren Hang n’appelle pas la castration du mâle : il revendique simplement le droit pour la féminité à exister tel qu’elle est et par elle-même.
L’œuvre reste donc aussi légère et primesautière que sérieuse et paradoxalement pudique. Le désir n’est plus « attrapé par la queue » comme chez Picasso. Il se décline en touches allusives. L’ingénuité reprend tout son sens : à savoir, ce qui relève de la nature première de la femme.
L’intime en se montrant-cachant rappelle à l’homme (comme la Madame Edwarda nue de Bataille, mais chez le Pékinois Ren Hang avec plus d’astuce et de feinte ) : « Regarde moi car je suis ton dieu ». Manière de donner au corps, et plus particulièrement à l’entrejambe féminin, l’entregent qu’il mérite.
jean-paul gavard-perret
Ren Hang, New Love, editions Dalpine, Madrid, 2016, 56 p.