Marcelle Imhauser appartient de plein droit au cercle des irréguliers belges de la langue. Elle poursuit une œuvre aussi discrète que corrosive qui renverse les illusions d’optique et réveille les esprits pris au piège de leurs bocages nocturnes. L’auteure et éditrice leur fait emprunter des labyrinthes où il ne s’agit plus de poireauter. Son œuvre avance crânement au mépris du silence de ceux qui ont du mal à accepter les impertinences habiles. Les yeux toujours plein d’étoiles, elle fait partie des femmes sans sommeil et un peu sauvages, ce qui ne l’empêche jamais de porter attention aux autres qu’elle enrichit de sa poésie en liberté.
Entretien :
Quelle est votre première lecture ?
La comtesse de Ségur ou Alexandre Dumas, je ne sais plus.
Pourquoi votre attirance vers l’humour ?
Parce qu’il ouvre la porte de l’absurde, et dynamite le sérieux.
Quelle musique écoutez-vous ?
Du jazz, des quatuors classiques ( je n’aime pas les grands orchestres). Des chants folkloriques des cultures méditerranéennes.
Quels livres relisez-vous ?
De poésie: Lorca, Ritsos, Kemal, Izoard, Hugo, Eluard. Récemment, “L’homme sans qualités” de Musil”. Vive la décadence !
Quel film vous fait pleurer ?
« Casablanca ».
Vous vous regardez dans un miroir : qui voyez-vous ?
Moi, à l’envers. Comment est mon endroit ?
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A Umberto Eco
Quels artiste ou écrivains vous sont proches ?
Artiste s: de Staël, Freud, Miro. Ecrivains : Faulkner, Chandler, Pagnol, Renard.
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La faim, quelle que soit l’heure du réveil.
Que sont devenus vos rêves d’enfants ?
Tous réalisés: écrire, voir l’Afrique, avoir des enfants, chanter dans une chorale. Exception : je ne suis pas devenue danseuse –étoile.
A quoi avez-vous renoncé ?
A la cruauté en paroles : c’est trop facile.
D’où venez-vous ?
En Belgique, de Verviers, petite ville frontalière avec l’Allemagne. Ex-capitale mondiale (!) de la laine, là où, au 19e siècle, les patrons lainiers offraient des places à l’opéra aux tisserands, à condition qu’ils mettent une cravate !!! Verviers est un des hauts lieux de la pataphysique.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Rien, sinon ma gaucherie.
Quel petit plaisir quotidien ou non ?
Faire des mots-croisés difficiles.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres auteurs ?
La brièveté. J’aime les raccourcis.
Quelle est la première image qui vous interpelle ?
Je ne sais pas . Une odeur, oui, le café du matin.
Quel cadeau pour votre anniversaire ?
Un tour de potier.
Que défendez-vous ?
Le droit à l’erreur ; la tolérance ; la liberté d’expression.
Que vous inspire la phrase de Lacan:“l’amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ?
Que Lacan était un grand malade génial.
Et la phrase de Woody Allen: “la réponse est oui, mais quelle est la question ?
Cela m’enchante. Elle autorise l’absence.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment allez-vous ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 19 décembre 2015.