Une petite échelle sur le toit : entretien avec Nicolas Le Bault

Entre­tien avec l’auteur de Hygiène Rose, Cha­pitre 1   :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La cer­ti­tude de plus en plus ancrée que je n’ai rien de bon à attendre des rêve­ries et des pen­sées qui sont l’émanation du demi-sommeil. Les diva­ga­tions de la pré-veille sont une léthar­gie, un cau­che­mar qu’à tout prix je dois fuir.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?

Ils sont deve­nus pos­sibles. Désor­mais, ce sont plu­tôt des désirs qui ont la cou­leur des rêves.

A quoi avez-vous renoncé ?
A toutes les ambi­tions des adultes qui ne sont pas les rêves de l’enfance.

D’où venez-vous ?
D’un gre­nier assez quel­conque, sans grand inté­rêt, et qui m’aurait tué d’ennui si une petite échelle ne m’avait per­mis de m’échapper.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Cette petite échelle sur le toit, et puis l’humour aussi.

Un petit plai­sir – quo­ti­dien ou non ?
La marche à pied, et man­ger des sucre­ries qui gâtent les dents.

Qu’est ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains et artistes ?
Peut-être de n’être ni vrai­ment un écri­vain, ni vrai­ment un artiste. Ou bien le maître ou bien un per­son­nage de l’univers que je crée. Ou bien les deux. Enfin j’y travaille.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Je crois que c’était l’illustration de la pochette de l’album « Fear of the Dark » d’Iron Mai­den, entre­vue au super­mar­ché quand j’étais gamin.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Les mal­heurs de Sophie, Les Petites filles modèles, Les Vacances,
tri­lo­gie de la Com­tesse de Ségur, dévo­rée au cours d’un été à La Cio­tat. Je devais avoir dans les 10 ans. Je lui dois beaucoup.

Pour­quoi votre atti­rance pour l’écriture « plu­rielle » (gra­phique, des­sins, pho­tos, etc) ?
C’est de cette manière que j’essaye de faire vivre, res­pi­rer et se déve­lop­per un uni­vers, avec son ico­no­gra­phie, ses légendes, ses sons et son his­toire. J’ai, au cours de mon exis­tence, col­lecté une foule d’images. Cer­taines sont de ma créa­tion, d’autres de la récu­pé­ra­tion et sont là pour mémoire. Au fil du temps, par ce que mon esprit pro­jette sur elles, ces images deviennent en quelque sorte mythiques. En m’accompagnant et me gui­dant, elles consti­tuent le spectre de mon uni­vers. Et quand elles sont char­gées de ce pou­voir talis­ma­nique, c’est sous leur dic­tée que j’écris.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Plein de trucs. Le Métal est très impor­tant pour moi. Le black, le doom, le heavy… ainsi que toute l’iconographie de ces mou­ve­ments issus de la culture popu­laire me nour­rissent depuis tou­jours. Le Rock aussi. Des chan­sons pop tristes et vio­lentes. Tout en fait sauf la musique clas­sique qui ne m’évoque rien.

Quel livre aimeriez-vous relire ?
Ulysse
de Joyce est un livre que je pour­rais relire à l’infini. Les Anges de l’histoire de Fre­de­rika Fenol­lab­bate, dont j’ai contri­bué à la publi­ca­tion en 2013. Sinon je n’aime pas trop relire les livres.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« La Party »
de Blake Edwards.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Quelque chose d’un peu informe et de plu­tôt rigolo.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mes amis. Je suis inca­pable d’aucune forme de sin­cé­rité dans l’écriture. Sauf dans le cadre de la fic­tion.

Quelle ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Ma chambre d’enfant à Paris.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Alice Cooper.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un exem­plaire de l’édition Hachette de 1861 de L’Enfer de Dante, illus­trée de gra­vures de Gus­tave Doré. Une mer­veille d’un for­mat déme­suré et dément, que j’ai usée jusqu’à la corde quand j’étais gosse à la cam­pagne. Faute de place, ou bien pour d’autres rai­sons plus obs­cures, je n’ai jamais osé le racheter.

Que défendez-vous ?
Entre autres en essayant d’en vendre le plus pos­sible, l’existence de livres libres et ori­gi­naux, qui seraient conçus et publiés tels que leurs auteurs les rêve­raient. Leur pos­si­bi­lité d’exister, leur indé­pen­dance et leur capa­cité à être acces­sibles au plus grand nombre. C’est pour cela que j’ai créé en 2013, avec mes deux com­pa­gnons, le Réseau Tu Dois.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Bof.

Que pensez-vous de celle de Woody Allen : « La réponse est oui mais quelle était la ques­tion » ?
Bien sûr ! Il faut tou­jours dire oui ! Enfin le plus sou­vent pos­sible. Dire non ferme les voies de com­mu­ni­ca­tion d’entrée de jeu. Et après il faut assu­mer. De toute façon je suis un vieux fan de Woody.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
La date de mon anni­ver­saire peut-être ?

Entre­tien réa­lisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 17 décembre 2015.

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