Avec ce troisième recueil, Guillaume Decourt se fait d’une certaine manière plus léger et prouve un humour insidieux et plus que décoiffant. Celui-ci coupe la tête comme l’auteur désire que soit tranchée au dernier jour la sienne. Et lorsque sa mère viendra(it) la réclamer, le poète de préciser : « Vous n’aurez qu’à lui dire / D’aller se faire foutre ». En attendant, le texte et son fomenteur suivent leur cours passablement chargé d’alcool si bien qu’il est parfois difficile de distinguer le cru du cuit.
Decourt est fidèle à la poésie belge la plus irrégulière qui soit et qui fait du Plat Pays celui des picadors qui envoient l’écriture en l’air comme certaines femmes le font. Qu’importe si leur amour ne dure que six mois. A l’aune du poète « hypertrophiste », ce n’est déjà pas si mal puisqu’il nage en histoire d’O trouble avec des strip-teaseuses frigides comme avec une cantatrice grivoise chauve à l’intérieur du crâne ou une Africaine outrageuse qui initie aux rites des gibbons son colon de poète.
Tout cela est écrit afin d’avoir moins par un désespéré qui ne cesse de se dire au revoir en espérant toutefois qu’il se ramène – ou qu’on le fasse — « Au temps des joies lourées / Au temps des doigts déliés ». Il faut que certaines bonnes s’y fassent mais non sans respect à la « sœur » du poète puisque le livre et sa sueur lui sont dédiés. Decourt veut lui rappeler que, pour lui, la joie revient en rafale et qu’elle est « large comme un pied de femme » avec laquelle le poète vient prendre le sien. Grand bien lui fasse, doit estimer cette noire sœur et le lecteur ne peut lui souhaiter que la même faveur.
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jean-paul gavard-perret
Guillaume Decourt, A l’approche, illustrations (superbes) de Natalie Reuter, Editions Le Coudrier, Mont Saint Guibert (Belgique), 2015, 106 p. — 16,00 €.