Et si l’homme était domestiqué…
“Les Univers de Stefan Wul” regroupent un ensemble de séries de BD qui met en images les mondes et les intrigues imaginées à la fin des années 1950 par un auteur au talent exceptionnel. Cet ensemble a été consacré par Le Grand Prix de l’Imaginaire 2014 lors du dernier festival Étonnants Voyageurs, une récompense amplement méritée.
Oms en série, un des meilleurs romans de ce dentiste qui voulait distraire son épouse avec des récits innovants et attractifs, met en scène une civilisation humaine domestiquée par une race supérieure, les Draags. L’auteur et l’adaptateur, Jean-David Morvan, se placent dans la même perspective que nous pouvons avoir avec les chats ou les chiens. Les Oms sont des animaux de compagnie qui vivent dans l’ombre de leurs maîtres.
Tout commence quand les parents de Tiwa lui offre un petit Om qu’elle appelle Terr. Il ne la quitte pas, partageant ses jeux et ses études. Mais l’animal apprend en même temps que sa petite maîtresse et l’instruction étant une des clés de la liberté, il rejoint une communauté qui se terre dans les sous-sols, avec pour seul objectif d’échapper aux Draags. Grâce à son intelligence et à son éducation, il développe cette société clandestine et lui donne un but, retrouver Fustelwan, leur planète d’origine. Terr veut retrouver son frère, resté un animal conditionné. Il le délivre, non sans combattre, et lui fait découvrir la société nouvelle des Oms. Mais cette attaque a alerté les responsables qui décident de se débarrasser de ce qu’ils considèrent comme des nuisibles.
Avec la recherche des racines en toile de fond, ce second tome relate l’évolution des Oms, l’adaptation des technologies Draggs à leur taille et la préparation de leur retour. Ces racines sont dévoilées dans le cours de l’intrigue et donnent des liens avec un thème post-apocalyptique. Il faut revenir en 1957, date de rédaction du livre, où la mondialisation n’en était qu’à ses balbutiements et où les transferts et les migrations d’insectes, de bactéries, d’animaux exotiques, de maladies… commençaient timidement. Pourtant, avec une préscience remarquable l’auteur avait imaginé ceux-ci dans un cadre de Science-Fiction car il ne pouvait en être autrement à cette époque. Le scénariste fait percevoir tous les sentiments qui président à un bouleversement, l’exaltation, le sacrifice des uns pour sauver l’essentiel et toutes les émotions qui y sont liées.
Le dessin, signé par Mike Hawthorne, qui a fait ses armes dans le Comics chez Marvel, DC/Vertigo…, est dynamique et tout à fait en phase avec l’esprit de l’histoire et le ton du roman. Ce créateur offre un dessin réaliste qui remplit les vignettes dans une mise en pages teintée de classicisme. La mise en couleurs de Scarlett Smulkowski est superbe, rendant palpable la tension de l’intrigue et l’atmosphère qui se dégage du récit.
Jean-David Morvan a repris, pour notre plus grand bonheur, la trame du roman et en donne une version encore plus dynamique, aidé en cela par une mise en images tonique et une colorisation du plus bel effet.
serge perraud
Jean-David Morvan (scénario), Mike Hawthorne (dessin), Scarlett Smulkowski (couleur), Oms en série, t.2 : “L’Oxom”, Ankama, coll. “Les Univers de Stefan Wul”, octobre 2014, 56 p. – 13,90 €.