Guillaume Basquin, Tweet n°1

Contre toute attente

Etres et autres pré­sences obser­vés par Bas­quin semblent nous défier. L’auteur ne cherche pas une déco­ra­tion de figu­rines car elles ont beau­coup à « dire » et un tel monde devient étrange et péné­trant par­fois : sur­gissent des paumes héli­cées, des déro­bées en mon­tées et des­centes, axiales et obliques.

Ce livre devient un lieu mythique et mys­té­rieux, un art à part, un espace d’expression et de décou­verte ouvert à tous et sans occul­ter les failles éven­tuelles de cer­tains « spec­tacles » pour s’émouvoir et trou­ver du plai­sir. De pro­fondes réso­nances ébranlent nos convic­tions, dérangent notre per­cep­tion du réel en met­tant l’accent sur ce que nous avons tous été et sur ce qui appar­tient à tous : l’enfance, espace exten­sible, sans fron­tières, uni­vers que rat­trape par­fois le réel là où s’échafaudent les rêves, le simu­lacre et l’imaginaire, ter­rain de jeu du faire-semblant ou de la vie en scène.

D’un tel scé­na­rio, les his­toires ne sont plus des nar­ra­tions : elles entraînent des voyages. Cette expé­ri­men­ta­tion cham­boule la lit­té­ra­ture car les élé­ments construits et assem­blés sortent du sacré vers un sta­tut créant de l’illusion là où les frag­ments assem­blés « inter-loquent ». Face au monde asep­tisé, un éro­tisme détruit la tar­tuf­fe­rie. Tou­jours aux com­mandes, elle est trans­for­mée en moments du faux pour jouer avec eux là où l’auteur érige en impos­teur les rets du désir-consommation, le piège que l’on se tend à soi-même par cas­tra­tion libératrice.

Résu­mons : Tweet 1 crée un monde irréel que l’on tra­verse comme des fan­tômes. Il prend forme, devient matière vive sans que le texte se crée tel un pro­duit dif­fi­cile de cal­culs et de hasard. Guillaume Bas­quin rebon­dit des­sus pour racon­ter « de façon la plus poly­pho­nique pos­sible les des­sous réels de l’Histoire ». Ce texte est le récit d’un nar­ra­teur par­ti­cu­lier. L’auteur ne mécon­nait pas sa propre nature : celle d’une double vision — intui­tive ou idéale. mais il ne se fait pas d’idée là-dessus. Il fait de la for­mule essen­tielle du « Cap au pire » de Beckett sa doxa : « déjà essaye. déjà échoue. peu importe. essaie encore. échoue encore. échoue mieux. »
Preuve qu’il consi­dère tout poten­tiel échec comme un acte man­qué dont le refou­le­ment revient – manière de s’interroger sur ses aspi­ra­tions essen­tielles qui le rendent singulier.

jean-paul gavard-perret

Guillaume Bas­quin, Tweet n°1, classé X, Edi­tions Tin­bad, Paris, 2025, 116 p. — 16,00 €.

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Filed under Chapeau bas, Poésie, Romans

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