La rédemption de Pascal Quignard recèle ici une manière de domestiquer sa propre panique face à ce que chacun peut vivre à partir d’un trésor (celui d’une femme). La mémoire l’emmagasine dans ce livre porteur d’éléments liés à la nature plus qu’à l’or lui-même. Louise, héroïne, ne cherche pas l’argent mais amplifie sa vie par une mort et le désir de la cassette découverte et créatrice d’une forme de “teasing” mental. Pour elle, aimer et se taire font silence en ce « trésor caché ». Mais le langage définit qui ou qu’est « l’autre » et les chats, les choses.
L’auteur écrit face à personne pour faire revivre ses vagues, son flux, ses flots. D’où l’évocation des souvenirs où revient l’amour après coup et par effet de passé et de nostalgie mais avec plus de lumière, là où les corps nus s’exposent quand le soleil est au zénith pour accueillir l’« animal ». Le langage silencieux est transformé par celui de l’amour dans un désir de caresse et de vie.
Existent là une nouvelle genèse et une trace narrative des êtres et leur présence de même que leur nom, symbole de reconnaissance. En effet, nommer, pour Quignard, ne doit pas être caractériser par un seul mot. Il modifie le mode narratif à ne pas s’assigner à un seul nom ou une seule personne (je, elle, il, etc). Le tout pour faire surgir une émotion afin d’élargir un récit de vie qui n’est pas la vie mais l’enrichit.
jean-paul gavard-perret
Pascal Quignard, Trésor caché, Albin Michel, Paris, 2025, 307 p. — 21,90 €.
” Trésor caché ” offre l’occasion de commencer une belle année . Merci messieurs Quignard et JPGP .