Lorsque Kiki (Smith) rencontre Paul (Eluard)
L’artiste américaine Kiki Smith a relevé le défi de la collection « Grande Blanche illustrée ». Elle se confronte ici à un des plus grands poètes surréalistes : Paul Eluard. Figure atypique de l’art contemporain américain depuis les années, la créatrice connut sa première grande exposition il y a quelques années à La Monnaie de Paris. Elle explore généralement le thème du corps fragile et intime, de la sexualité féminine et du rapport à la mort, la beauté et la nature.
Cette approche est « en repons » à « L’amour, la poésie» de Paul Éluard paru en 1929, après un dernier hiver passé au sanatorium avec sa femme Gala qui devait le quitter, peu après, pour Salvador Dali.
Ce « livre sans fin », retrace l’aventure d’un homme désespéré et déchiré entre l’amour et la poésie, entre le réel et l’imaginaire. Les interventions de Kiki Smith ponctuent ces poèmes dans un univers où corps, nature et cosmos rencontrent l’esprit du surréalisme. Poèmes et œuvres plastiques deviennent fixes et mobiles et restent bien moins conservatrices (tant s’en faut) qu’ expérimentales.
Sous nos yeux, nous avons une sorte de mise en page d’un conclave fort en sincérités. Kiki Smith aujourd’hui et Eluard hier sont sortis de la grosse végétation de la production poétique et plastique. Et un tel livre en tant que médium ouvre la force d’une double création renaissante, populaire et indistincte
La passion nourrit dans cette double approche autant de réflexion que de métamorphose. Elle est magique entre les pattes du soleil tiré à quatre épingles en noir et blanc entre Amour et Psyché. L’accumulations des sens de Kiki Smith trouve la générosité – la générosité de la pauvreté –, à savoir la plus riche, à la poésie phénoménologique d’Eluard. Si bien que dans cette édition explose un phénomène de la passion
jean-paul gavard-perret
Paul Eluard & Kiki Smith, L’amour. La poésie, Gallimard, collection Blanche, septembre 2024, 176 p. — 35,00 €.