Narcisse n’apaise pas le spleen des princesses des vitrines. Mais il préfère mille fois être un raté qu’un triomphateur pris entre la solitude de la cime et la peur de la perdre. Il se démarque néanmoins des modèles et miroirs sans tain. Sa pudeur n’est pas à confondre avec de la pudibonderie mais il s’offusque de l’étalage outrancier du corps des femmes morcelées devenues objets, offertes aux regards devant les Galeries Lafayette.
Un tel héros ne ressemble pas à qui profite de ces exhibition. Furieux, il a décide de passer à l’action son travail graphique, selon son penchant pour les bleus et les roses pour recouvrir les mannequins. Son parti pris des aplats flashy vient judicieusement en contrepoint au travail imbécile des publicitaires dont le trop-plein visuel brasse du vide. Mais il fait preuve d’ouverture rappelant que tant de femmes furent jadis nommées démoniaques et condamnées au bûcher.
Refusant tout manuel de démonologie, il défend non les tentatrices instigatrices à l’image d’Eve mais les tentés. Ils cèdent librement au Diable (dans de tels détails) donc à la sexualité, au pouvoir et cherchent à déstabiliser la hiérarchie divine quitte à renverser Dieu. Mais pour l’Ascète, les femmes ne sont pas de consentantes complices. Toutefois, il décortique très soigneusement leur mécanisme.
jean-paul gavard-perret
photo Bob Adelman