Cette série, créée par Jean van Hamme et Philippe Aymond, multiplie les scénaristes. Lors de l’arrêt du concepteur au neuvième tome, Philippe Aymond a pris le relais avant de laisser l’écriture à Laurent-Frédéric Bollée depuis le tome 16.
Ce dernier puise dans l’actualité s’inspirant de l’enlèvement réel, dans le nord du Nigéria en 2021. Le Tramadol est un puissant analgésique aux effets addictifs. L’auteur prend l’Afrique comme cadre, là où se développent des mouvements djihadistes, où les grandes puissances sont à l’affût de toutes les richesses naturelles. Quant à l’héroïne, elle est à l’image de nombreuses femmes actives, perspicace et déterminée. Mais toutes ne manient pas comme elle la kalachnikov avec efficacité.
Le scénariste propose une intrigue subtile où les rebondissements succèdent aux péripéties, où l’héroïne doit faire face à de nombreux dangers.
Suite adu décès de sa tante, Shania retourne au Mawali pour l’ONG Action 19. Elle apprend de Ndiama, devenu Premier ministre, que son fils Simon a disparu. Conrad, à la demande de la directrice de la CIA, enquête sur un crash provoqué par un attentat terroriste. Shania est contactée par le Centaure, membre du Ministère, une organisation secrète. Il lui demande de monter une opération pour libérer des jeunes lycéennes du Mawali enlevées par un groupe terroriste.
C’est ainsi qu’elle se retrouve face à Simon devenu un chef terroriste menant le djihad. C’est lui qui est l’auteur des enlèvements. Elle veut négocier leur libération contre des médicaments et des caisses de Tramadol, ce puissant analgésique dont les combattants ont besoin dans leurs actions. Il n’accepte pas le marché et mitraille les hélicoptères venant en renfort en cas d’échec de la négociation. Il fuit alors comme un lâche.
Mais libérer les jeunes filles est dangereux car des djihadistes restant les menacent. Shania fait le coup de feu. Youri qui l’accompagne est gravement blessé. Très inquiète, elle gêne les secours. Un infirmier lui fait, de force, une piqure. C’est Centaure qui la réveille et lui annonce qu’elle est au Caire. Il lui impose une nouvelle mission, proposer un marché à Simon en lien avec le Samarium, ce métal rare découvert sous le territoire qu’il contrôle. Mais…
Le dessin de Philippe Aymond, est réaliste, l’ayant assuré depuis le début — le premier tome est paru en octobre 2004. Il possède parfaitement au bout de son crayon le visage et la silhouette de Shania. Il anime de façon dynamique toutes les phases du récit donnant des décors avec un beau pragmatisme et une belle variété.
La colorisation est le résultat du travail de Meephe Versaevel qui œuvre dans cette technique depuis 2007 et possède une liste conséquente d’albums à son actif. Elle propose des couleurs efficaces jouant adroitement avec les ambiances.
Cet album renforce encore l’intérêt pour cette série avec son intrigue en phase avec l’actualité, avec ce graphisme efficace qui réjouit le regard.
serge perraud
Laurent-Frédéric Bollée (scénario), Philippe Aymond (dessin) & Meephe Versaevel (couleurs), Lady S — t.17 : Au nom du père, du fils et du Samarium, Dupuis, coll. “Grand Public”, septembre 2024, 48 p. — 13,50 €.