Mickey Spoon et Donald White sont deux policiers de la NYPD. Mais ce sont les flics les plus désastreux que cette unité n’a jamais compté. Spoon est un acharné du flingue et tire sur tout ce qui bouge dans son champ de vision. White est bête. Il est persuadé d’être une personne importante, un descendant des premiers immigrants arrivés avec le Mayflower. Ils se détestent car ils sont tous deux amoureux de Courtney Balconi, une sculpturale journaliste toujours à la recherche du scoop.
D’abord publié chez Dupuis, puis chez vents d’Ouest, ce sont les éditions Bamboo qui rééditent et accueillent les nouveaux albums.
Manhattan Kaputt :
Parce qu’un oiseau dérègle une horloge, Spoon, toujours hypernerveux, se retrouve l’auteur d’une belle bavure. Il fait tuer un indic qui devait renseigner sur le projet imminent d’attentat à New York.
Parce qu’il a une vague ressemblance avec le défunt, la cellule antiterroriste de la CIA impose à White de prendre sa place. Il prévient Courtney de la situation, amenant ainsi celle-ci à être prise en otage par les terroristes. Il faut alors mettre tous les moyens pour lui sauver la vie et empêcher un malade de faire tout péter à Manhattan…
Neverland :
L’avion dans lequel voyageaient Spoon, White et Courtney Balconi s’est écrasé sur une île lointaine. Deux mois après le crash, les recherches sont abandonnées. Spoon et White ont survécu à la catastrophe en compagnie de quelques passagers et membres d’équipage, tous plus loufoques les uns que les autres. Les survivants tentent de trouver un moyen de quitter l’île, d’autant que depuis quelques jours il s’y passe des choses étranges. Spoon est pris d’hallucination, un curieux personnage installé sur l’île défend le trésor d’un pirate et des passagers disparaissent…
C’est à profusion que l’on trouve des couples d’enquêteurs dans la littérature sous toutes ses formes et dans le cinéma. Mais avec ces deux bras cassés, les auteurs ont porté haut le niveau d’impéritie.
Entre un hypernerveux que l’on pourrait comparer à Louis de Funès, le flingue en plus, et un apathique, les erreurs et bavures ne manquent pas. Toutefois, malgré ce handicap originel, ils réussirent à se sortir des guêpiers dans lesquels leur stupidité les a placés.
Leur amour pour la belle journaliste est également un moteur de gags. Spoon la considère comme son épouse et, d’une jalousie maladive, il menace et flingue tous ceux qui s’approchent d’elle. Cette récurrence, d’album en album, reste toujours amusante car placée dans des cadres, des décors, des concepts différents.
Leurs enquêtes générèrent une action omniprésente, une dynamique qui emporte l’adhésion. Outre l’action, c’est l’humour qui déferle au fil des planches, un élément essentiel de la série, allant du potache au cinglant. Les références aux films d’actions américains sont nombreuses. Clint Eastwood n’est-il pas un exemple pour Spoon ?
Le dessin, assuré par Simon Léturgie assisté de Franck Isard pour le tome 7, est caricatural à souhait. Le dynamisme du scénario est retranscrit de belle manière avec un sens du mouvement bien adapté à ce type de récit. La mise en scène donne un rythme échevelé aux enquêtes.
La colorisation est l’œuvre de Julien Loïs et Gom qui apportent une touche parodique supplémentaire avec leurs teintes ajustées.
Cette série se révèle plaisante pour la variété de ses intrigues, sa bonne dose d’humour, le dynamisme des scénarii et des mises en pages réussies.
serge perraud
Jean Léturgie (scénario), Simon Léturgie (dessin), Franck Isard (dessin), Julien Loïs & Gom (couleurs), Spoon & White : T.07 Manhattan Kaputt — T.08 Neverland, Bamboo Éditions, août 2024, 56 p. — 12, 90 €. par album.