Pour Marie-Anne Bruch, les espaces entre les mots sont parfois à prendre comme des rimes pour l’œil. L’utilisation du présent de l’indicatif ainsi que les lettres majuscules ou capitales sont une constante dans son travail. Ceci pour revendiquer une poésie droite, dressée, debout comme un acte de résistance. Les combinaisons apparaissent alors et permettent une lecture originale et poétique. Les espaces entre les mots sont à prendre comme des rimes pour l’œil. L’utilisation du présent de l’indicatif ainsi que les lettres majuscules ou capitales sont une constante dans son travail. Ceci pour revendiquer une poésie droite, dressée, debout comme un acte de résistance. Les combinaisons apparaissent alors et permettent une lecture originale et poétique.
Marie-Anne Bruch écrit au besoin dans peu d’espace mais franchit toujours des caps contre un silence excessif. Son grand commencement est toujours le grand recommencement qui viendra plus tard, bien plus tard. Elle attend que son âme descende dans ses mots. La nuit lui est inutile et elle espère demain. La poésie n’est pas pour elle mais une solution. Bloqué dans l’entre-deux du poème, le dernier mot n’a pas lieu sinon comme comme une invitation au départ du prochain livre en cours. Des mots restent dans sa gorge la où sort un chemin. On ne trompe pas tout poète !
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’affection de mes proches, l’envie de faire ce que j’aime, l’espoir de créer des choses qui ont un sens pour moi.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Dans mon enfance, je rêvais de devenir romancière et peintre. Ce rêve a abouti à la poésie par un cheminement compliqué mais, à la fin, je m’y retrouve !
A quoi avez-vous renoncé ?
A une vie professionnelle salariée. A m’accrocher à des choses impossibles et néfastes. A cogiter excessivement. A tenter de résoudre des contradictions. Entre autres.
D’où venez-vous ?
Je suis née dans une ville de Seine-et-Marne que je ne connais pas. J’ai passé mon enfance dans une ville de province où je ne suis jamais retournée et où ma famille n’a aucune attache. Je n’ai presque jamais mis les pieds dans les régions d’origine de mes parents. Et ça ne me tracasse pas trop.
Qu’avez-vous reçu en “héritage” ?
Ma famille aimait les livres et la connaissance. Pas tellement littéraires mais plutôt historiques et politiques. Ils m’ont donné le goût des idées – même si je ne partage pas les leurs. Ma mère, en tant que guide-conférencière, m’a initiée très tôt à la visite des musées et à l’observation des œuvres artistiques.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Nager. En piscine ou, encore mieux, dans la mer. Mais ce n’est pas quotidien.
Qu’est-ce qui distingue votre travail de poésie ?
La diversité des formes. J’ai écrit des recueils de haïkus, des proses poétiques, des poèmes en vers libres, des sonnets rimés en alexandrins ou en octosyllabes, des vers blancs. C’est un choix délibéré de ma part, j’y attache de l’importance. Je compare cette variété des formes poétiques aux différentes techniques picturales, les peintres pouvant passer tour à tour de l’acrylique à l’aquarelle puis de l’encre aux pastels pour exprimer divers aspects de leur univers.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le génie enfermé dans la lampe d’Aladin. Une version simplifiée et illustrée du conte, que ma mère me lisait le soir.
Et votre première lecture ?
« Peau d’âne » à cause des robes couleur de soleil, de lune et de temps, qui me faisaient rêver.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Du classique, du jazz, du rock.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Entre 20 et 30 ans, j’ai beaucoup lu les œuvres complètes de Rimbaud. Maintenant encore, quand j’ouvre ce livre au hasard pour me rafraîchir la mémoire, il arrive à me surprendre. Et je pourrais dire la même chose de Michaux, d’Eluard, d’Apollinaire, de Baudelaire, de Soupault…
Quel film vous fait pleurer ?
« L’histoire d’Adèle H »
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Sans surprise, moi.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je n’ose pas vous le dire, de peur d’attirer son attention.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les îles grecques.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Sans parler de ceux que je connais personnellement, qui sont des familiers ou des amis, je me sens proche des poètes et des artistes qui sont devenus fous.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un livre ou un disque.
Que défendez-vous ?
Une poésie ni trop littérale ni trop absconse ; ni trop inconsistante ni trop épaisse ; ni trop éthérée ni trop viscérale ; ni trop jolie ni trop moche. Et qui ne soit pas fade pour autant !
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Cette citation fait l’effet d’un baume quand on est malheureux. Et elle ne fait ni chaud ni froid quand on est heureux. Sous une apparence démoralisante, cette phrase est une vraie panacée !
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
C’est dangereux de dire oui à n’importe quoi…
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Ecrivez-vous autre chose que des poésies ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 2 août 2024.