Oui (Thomas Bernhard / Célie Pauthe)

© Jean-Louis Fernandez 

Ques­tion­ne­ments perpétués

Sur le pla­teau, il y a juste une chaise, un sac pou­belle et une bou­teille d’eau. Un homme semble venir faire une lec­ture. Claude Dupar­fait, très ger­ma­nique, brosse avec pré­ci­sion la situa­tion grâce à sa dic­tion pré­cieuse et enga­gée. Par sa déli­ca­tesse et sa cir­cons­pec­tion, il res­ti­tue avec appli­ca­tion la prose dubi­ta­tive de Tho­mas Bern­hard.
La des­crip­tion pré­sen­tée est minu­tieuse ; elle paraît long­temps sans objet. C’est qu’il s’agit d’analyser et d’interroger des ten­dances inté­rieures qui se dis­solvent dans la mor­sure de leur propre mani­fes­ta­tion. On a affaire à une ren­contre dont on ne sait si elle est fan­tas­ma­tique. Il est ques­tion de com­po­ser des dis­po­si­tions pour en res­ti­tuer les pro­prié­tés, à jamais impropres à une nou­velle idéalisation.

On assume le ridi­cule du ques­tion­ne­ment per­pé­tuel sur soi. On cherche à inves­tir les rai­sons de nos inves­tis­se­ments, à péné­trer les failles de notre uni­vers inté­rieur. Le nar­ra­teur res­ti­tue la rela­tion simple, brève et intense qu’il a eue avec une femme dont il a par­tagé les élans intel­lec­tuels sans lui appor­ter le moindre secours. Il s’agit d’une ren­contre qui pour­rait être fan­tas­ma­tique, qui est au moins intel­lec­tua­li­sée, qui appa­raît géné­rique.
Fina­le­ment, il y a un refus d’existence, qui sanc­tionne l’impossibilité d’un salut par autrui. Le spec­tacle, pré­cieux et her­mé­tique, se conclut par une brève cho­ré­gra­phie dra­ma­tique. Les quelques paroles qu’il a déployées paraissent déri­soires devant le tra­gique de nos aspi­ra­tions déçues.

chris­tophe giolito

 

Oui  d’après Tho­mas Bern­hard 
adap­ta­tion et concep­tion Claude Dupar­fait et Célie Pauthe
mise en scène Célie Pauthe

Du 24 mai au 15 juin 2024 au théâtre de l’Odéon, Ate­liers Ber­thier 1, rue André Sua­rès 75017 Paris Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h repré­sen­ta­tion avec audio­des­crip­tion le dimanche 9 juin à 15h, durée 1h30.

Tra­duc­tion Jean-Claude Hémery ; lumière Sébas­tien Michaud ; son Aline Lous­ta­lot ; vidéo Fran­çois Weber ; cos­tumes Anaïs Romand ; assis­ta­nat à la mise en scène Antoine Girard ; accom­pa­gne­ment à la scé­no­gra­phie Guillaume Dela­veau ; cheffe opé­ra­trice du film Irina Lubtchansky.

Film avec Mina Kavani et Claude Dupar­fait ; écri­ture Claude Dupar­fait et Célie Pauthe ; réa­li­sa­tion Célie Pauthe.

Créa­tion le 17 octobre 2023 au CDN de Besan­çon Franche-Comté.

Pro­duc­tion à la créa­tion Centre dra­ma­tique natio­nal Besan­çon Franche-Comté / Pro­duc­tion Cie Voyages d’hiver

Tho­mas Bern­hard est repré­senté par L’Arche, agence théâ­trale www.arche-editeur.com.

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