Sophie Loizeau, Poèmes paniques

Crapa­hu­ter

Telle Diane — char­meuse d’un cerf Pan ou d’autres –, Sophie Loi­zeau fait rejaillir (et pour pro­lon­ger sa voix) des effleu­re­ments paniques (manière Arra­bal) pour cares­ser d’un large sou­rire ou plu­tôt pour secouer ce qui est refoulé.
Unis­sant ses mots d’un office d’une ving­taine d’années, pour ses neu­vaines athées (quoique un cer­tain dieu existe), elle défie la soli­tude. Prête à tout, elle la désha­bille en impec­cable décence (ou presque).

Sophie Loi­zeau dépouille ses pages d’un secret bien gardé. Son feu ne réduit pas sa lyre en cendre. Osant des dés­équi­libres, son âme est assez forte pour mesu­rer les armes de cer­tains hommes et leurs incon­sé­quences.
Usi­nés au sen­sible, ses poèmes fran­chissent des contours par confla­gra­tions, ras­sem­ble­ments de signes, rumeurs d’alliages et join­tures– contact raré­fié mais s’en allant en lignes vives.

La soli­dité des tis­sus de son écri­ture use divers types de vio­lences indi­vi­duelles ou col­lec­tives pour créer des vibra­toires éman­ci­pa­tions. Sur la blan­cheur des pages se cachent par sinuo­si­tés des annonces de déli­vrances.
Pré­hen­sions per­ma­nentes, infuses, libres créent des émo­tions amo­vibles dans son livre à empor­ter dans une poche même sur des trot­toirs chas­sés de villes deve­nues tristes. Scin­tillant de sou­ve­nirs et d’imaginaire, un tel châs­sis de trans­pa­rence appuie à double tour sur une faim d’étoiles en une fête excen­trique en retours de cam­brures, de conni­vences consom­mées ou de manies enchanteresses.

En hom­mage antho­lo­gique, une nou­velle fois Sophie Loi­zeau aime la poé­sie au ser­vice des gens mais pas plus que les gens au ser­vice de la poé­sie. La sienne est auda­cieuse et pro­vo­ca­trice, magni­fie le corps et la nature en fai­sant une large part à ses trois pre­miers livres publiés et sa “tri­lo­gie du corps et de la bête”, fête au bouc, ode au dieu (Pan).
Voici en consé­quence le top du top d’une telle œuvre panique qui est son trop mais jamais assez car l’auteure écrit sans regar­der à la dépense. Sans un mot à ajouter.

lire notre entre­tien avec l’auteure

jean-paul gavard-perret

Sophie Loi­zeau, Poèmes paniques — antho­lo­gie 1999– 2020, Lans­kine, Paris, 2024, 168 p. — 12, 00 €.

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Filed under Beaux livres, Chapeau bas, Erotisme, Poésie

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