Comment se ment

Vues : 0

(Que font les mots ?)

L’amour tend à éluder le moins possible la question du “moi » de mais. À l’entendre, ce serait un haut souci de la langue-mère qui ne cesse de tordre, de torturer et de forcer, le surlignant, là où est son inadéquation. Néanmoins, l’amour cerne quelque chose de juste en sa propre expérience de l’autre et de soi en une sorte d’en deçà ou d’au-delà de la langue close vers les délices d’une régression ou des exaltations.

La bataille est rude. Il fait écran au corps et ses assignations. Son souci est celui du détail dans la trame narrative de qui songe. Mais nul ne peut faire que les mots s’emportent tant l’amour est abstrait dès son état naissant. Les mots restent un brouillon précisant son esquisse. Sans plus et pas moins, l’amour appelle à lui une énergie verbale, sorte de patron pour confectionner son propre costume. Mais c’est une fugue. La mère le reprend pour que les bons fils offrent, sans les user, ces fréquentations assidues décisives de sensualité et de sensibilité optique.

Les mots remuent ce fond et un rêve équivalent donne le champ à la nuit sexuelle tactile, odorant, immédiate, naturelle, mais non figurative d’un échantillon pour faire dégrafer ce qui doit se commettre avec solennité dans un castelet à réouvrir dans son indécision ou fonction générationnelle.
Mais à l’inverse des injonctions programmatiques d’une machine à laver, en amour ils deviennent matériaux dans la fiction composée sans forcément une trajectoire chronologique. Faudrait-il rapporter à cette volonté de lucidité mécanique un discours aléatoire, surtout quand il réserve un contrat de fidélité ?

jean-paul gavard-perret

Photo : Brassaï

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Inclassables

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *