Quand il ne reste que les adolescents…
Dystopie, ce terme à la mode dans tous les médias, s’emploie en science-fiction pour mettre en scène un monde utopique sombre. C’est le cas ici où la Terre a été ravagée par un quelconque Poutine. Une bulle a été créée pour protéger des enfants, des adolescents, et faire renaître une humanité peut-être moins barbare. Il faut prendre cette situation comme point de départ et suivre le parcours d’une héroïne au caractère affirmé qui accepte difficilement les contraintes.
Si cet état de fait s’inscrivait dans le premier tome, il s’affirme dans ce second volet. Mais ce que la scénariste met bien en valeur, c’est la propension à ce qu’un individu prenne le pouvoir et s’en serve de façon dictatoriale, soit en utilisant des croyances quelconques, vous avez un large choix en usage sur la Terre, soit en instituant une série de règles toutes plus contraignantes les unes que les autres avec des sanctions fortes en cas de non-respect.
Une guerre mondiale, une épidémie toxique, ont eu raison de l’humanité. Welling, Moé, son petit frère, des orphelins, se réveillent sur une île du Pacifique, une terre protégée par une bulle appelée Adenaom. D’autres orphelins ont été sauvés. Sous la direction de Mira, une IA qui gère l’essentiel, les jeunes gens doivent s’organiser et se répartir les tâches. Mais, très vite, des frictions se font jour et un petit groupe autour de Welling décide de quitter l’enceinte.
C’est ainsi que Welling, et quelques proches, se retrouvent dehors, étonnés de pouvoir respirer. Mais, dans ce monde dévasté où les cadavres sont légion, il faut se nourrir, se défendre contre des prédateurs, faire face aux multiples dangers. C’est avec des armes rudimentaires qu’ils doivent se défendre contre une meute de loups. Alors que certains regrettent le confort d’Adenaom, malgré Mira et les Brigades de sécurité, ils arrivent devant une faille dans la falaise. C’est un passage qui ouvre sur une nature protégée.
Or, les lieux sont déjà occupés par un groupe de survivants mené d’une main de fer par Galathée. Ce sont également des orphelins qui ont dû quitter précipitamment leur bulle en flammes. Welling ne comprend pas pourquoi Stavanger a caché l’existence de cette seconde bulle. On peut supposer qu’il y en a d’autres.
Et les règles strictes imposées commencent à agacer Welling qui…
Dans cette série, l’auteure construit une belle suite de personnages, multipliant ceux-ci sans relâcher la pression de l’intrigue nourrie de rebondissements en nombre. Au dessin, Gabriele Bagnoli propose un graphisme synthétique, allant à l’essentiel avec une économie de traits. Il donne aux visages des protagonistes des tonalités propres aux Manga. Degreff signe de belles couleurs franches et bien adaptées aux péripéties.
Une série jeunesse qui aborde nombre de problèmes de société, esquisse quelques utopies et donne un récit dynamique fort plaisant à suivre.
serge perraud
Aurelle Gaillard (scénario), Gabriele Bagnoli (dessin) & Degreff (couleurs), La Bulle — t.02 : Les Survivants, Éditions Auzou, mai 2024, 80 p. — 13,95 €.