Clarence Pitz, Meurs, mon ange

Un thril­ler bien sombre

Entre Les Pays-Bas, la Bel­gique et l’Indonésie dif­fé­rents acteurs vont être entraî­nés à se confron­ter au mal­heur, dans des situa­tions bien cri­tiques. Les his­toires indi­vi­duelles vont se rejoindre, se mêler pour le meilleur et pour le pire, sur­tout le pire.
Comme point de départ des crimes avec déca­pi­ta­tion, qui font écho avec son pré­cé­dent roman (Inef­fa­çables - Edi­tion Nou­velle Biblio­thèque — 2019) puisqu’on retrouve Karel Jacobs. Cla­rence Pitz met en scène une série de pro­ta­go­nistes très humains. Elle décrit avec pré­ci­sion leurs états d’esprits compte tenu des évé­ne­ments qu’ils vivent, des faits qui les ont ame­nés dans la situa­tion où ils se trouvent.

Anja, à Amster­dam, a som­bré dans l’alcoolisme après la dis­pa­ri­tion mys­té­rieuse de son mari et de sa petite fille. Elle accepte, cepen­dant, un emploi chez Bio­Surf comme modé­ra­trice de contenu sur des pla­te­formes.
L’inspecteur Gun­tur, flic déchu, et Made, son col­lègue de Bali, sont face à un nou­veau cadavre sans tête, le troi­sième depuis six mois, avec le même rituel.

Anja assiste à des scènes ter­ribles, des sévices atroces, des crimes sadiques et fait la connais­sance de Sabrina, une col­lègue plus ancienne dans l’entreprise, qui semble la prendre en ami­tié.
L’inspecteur Karel Jacobs, de la police fédé­rale belge, est à Amster­dam, comme consul­tant, pour un meurtre simi­laire à celui com­mis par le Graf­feur, dont il a dû s’occuper à Bruxelles. C’est en pour­sui­vant un indi­vidu au com­por­te­ment étrange qu’il découvre un conte­neur bap­tisé Karel, avec tout le maté­riel d’un graf­feur. Une pein­ture décrit exac­te­ment la scène du nou­veau crime.

À Jakarta, Citra, l’épouse de Gun­tur est en butte à la police des polices qui en a après son époux. Dans l’île de Sula­wesi, Tau­fik et Eko fuient dans la jungle devant un ennemi sans visage.
Ils ignorent tous que les cir­cons­tances vont les réunir et qu’ils vont devoir faire face à la noir­ceur humaine la plus profonde…

Entre cette femme qui tente de se recons­truire, vic­time d’un passé dont les fon­de­ments puisent dans des tra­di­tions iniques, les poli­ciers dont les méthodes d’investigation divergent, l’auteure mul­ti­plie les rebon­dis­se­ments. Elle déploie une intrigue ten­due, nour­rie de nombre de fac­teurs tant humains que socié­taux.
Les pay­sages rete­nus comme décors, les des­crip­tions pré­cises per­mettent de bien situer le cadre des actions. Dès le début du roman, elle ins­talle une ambiance oppres­sante que le rythme des péri­pé­ties main­tient et fait croître jusqu’à un dénoue­ment dan­tesque. Celui-ci laisse une ouver­ture vers une suite qui pro­met d’être encore plus ter­rible.
Le titre est à la fois exact et trom­peur car, si la mort est bien pré­sente, l’ange n’est pas celui auquel on pense habituellement.

Ce nou­veau livre de Cla­rence Pitz se révèle dif­fi­cile à lâcher tant la suite des rebon­dis­se­ments est dense, tant les per­son­nages sont atta­chants. Le tout servi par un art nar­ra­tif que maî­trise par­fai­te­ment l’auteure.

serge per­raud

Cla­rence Pitz, Meurs, mon ange, Folio Poli­cier n°1014, mars 2024, 368 p. — 9,40 €.

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Filed under Chapeau bas, Pôle noir / Thriller

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