Christophe Esnault est du genre prévenant. Il offre généreusement 32 propositions pour se suicider. Mais, qu’on se rassure, toutes ne finissent pas mal.
En particulier, la dernière qui donne son titre au livre — “Aorte Adorée” : “Je ne la tranche pas, elle est trop belle”. Si bien qu’une certaine beauté incarnée permet de surseoir à l’exécution capitale.
Mais l’auteur est encore plus attentif et attentionné. Il déconseille l’utilisation du mixeur. Il entraîne un bouillonnement sanguin qui peut affoler le prétendant à la camarde. Il risque même d’appeler le SAMU, si bien que tous ses efforts seraient perdus.
Il déconseille tout autant la mort aux rats qui provoque de si terribles affres qui risquent de mettre à mal l’adage : “Rechercher la douleur est une fête”. Cette pratique vénéneuse est donc à éviter.
Restent des solutions plus enjouées. A ce titre, la défenestration permet de jolis sauts et crée une sorte de poésie voltigeuse. C’est aussi le cas du Destop qui permet de venir à bout d’un “avenir bouché”. A l’inverse, un accident provoqué peut entraîner des conséquences néfastes pour des quidams qui n’ont rien demandé et qui espéraient continuer leur route sur le chemin de leur existence.
De même, les documents pris même en masse sont déconseillés car la mort n’est pas sûre. Mais la drogue est recommandée et ce, dans l’esprit de Vaché. De même que glisser dans une rivière (comme Virginia Woolf le fit) est du plus bel effet.
En outre, il existe des méthodes plus douces. La psychanalyse assure la ruine financière et l’exécution qui en découle mais nous pouvons aussi faire d’un homme son ennemi. Il assurera le travail à notre place.
Sans compter qu’un mariage raté peut faire l’affaire comme d’ailleurs le suicide du même acabit : il suffira de ne pas se décourager et de recommencer jusqu’à ce que mort s’en suive.
jean-paul gavard-perret
Christophe Esnault, Aorte Adorée — Se pendre et autres idées géniales quand on s’ennuie le dimanche, Conspiration éditions, 2022, non paginé - 7,00 €.