Mariette, Journandises (exposition)

Muta­tions

Mariette pour­suit sa créa­tion poé­tique et plas­tique loin des sen­tiers bat­tus. S’éloignant des dog­ma­tismes reli­gieux, elle les détourne pour ce qui arrive. A savoir, une remise en cause des images votives pour recréer du légen­daire à sa main.
Il devient mi-figue mi-raisin. Tout se met à fonc­tion­ner entre un abîme et un éther. D’où ce mou­ve­ment du sus­pens que l’artiste ne cesse d’aiguiser pour atteindre sinon l’inconscient du moins les sous-pentes de la rai­son. Là où néan­moins tout se pour­suit para­doxa­le­ment dans la paix et la clémence.

En consé­quence, qui d’autre qu’elle pour incar­ner au plus haut les arts sin­gu­liers ? Culti­vant un art votif, le mys­tère de l’officiel dieu est rem­placé par le culte païen des déesses mater­nantes. Les vierges offi­cielles par des sup­pôts de dia­blesses.
Trans­for­mant les nuages d’ombres gazeuses en matières denses, la créa­trice d’une main tourne le ciel, de l’autre pro­voque hybri­da­tions et opé­ra­tions à coeur ouvert.

Chaque effi­gie sculp­tée et ravau­dée devient une clef des songes les plus fous. Nous fran­chis­sons les fron­tières de taber­nacles, il y a des draps, des cou­pelles, des lin­ceuls, des clous du Christ ou de girofle et décors roco­cos.. Les corps pra­tiquent le silence dans la géhenne comme dans le plai­sir. Si bien que Mariette devient la mer­cière d’opérations de l’esprit.
A la machine à coudre méca­nique Sin­ger comme au sty­let, elle net­toie les objets de rituel catho­lique et romain pile au moment où les Vierges vou­draient ava­ler quelque pilule du lendemain.

Ce qui n’empêche pas aux femmes de la plas­ti­cienne d’officier en des messes noires où la bam­boche bat son train. A l’aube, les insou­mises sont moins cana­ris mar­ris et jaunes bat­tant de l’aile que des Marie-Madeleine encore sou­mises au vol des fan­tasmes. De tels phasmes noirs — dont la lumière tue la nuit par l’interstice de leurs man­teaux de visions — ne cachent en rien ce qu’on ne sau­rait voir et qui dépasse de beau­coup la plom­be­rie érotique.

jean-paul gavard-perret

Mariette, Jour­nan­dises, Domaine de la Garde à Bourg-en-Bresse, sep­tembre 2021.

2 Comments

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2 Responses to Mariette, Journandises (exposition)

  1. Villeneuve

    Mariette incom­pa­rable , Mariette indé­fi­nis­sable , Mariette sin­gu­lière , Mariette inimi­table , Mariette dont le talent dis­cret il y a 20 ans dans l’ombre d’un père … m’a sai­sie au fond de l’âme .

  2. Pingback: Journandises 2021 – La maison de Mariette

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