Plutôt que de relever des décombres de la vie, Jos Garnier donne libre cours à l’émotion de l’instant pour les ébranlements profonds qu’elle suscite. Cette captation est plus pertinente même si demeurent bien des retours amonts qui nous obligent encore à exister à l’essai dans nos errances et nos erreurs. Sous les chapes grues fait émerger des espaces de bouillonnements même si l’enfermement reste un postulat de l’univers.
Mais l’exigence de liberté — formelle comprise — demeure et permet d’avancer dans la compréhension d’une communauté humaine au sein d’un mouvement qui déplace les lignes.
Jos Garnier, Sous les chapes grues, éditions Milagro, 2021, 48 p.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Une éducation stricte ou une habitude… je ne sais plus.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Des nuits blanches d’adulte.
A quoi avez-vous renoncé ?
A l’insouciance.
D’où venez-vous ?
Je suis née à Paris puis lorsque j’avais 7 ans mes parents se sont installés à Marseille… depuis bien longtemps je fuis le monde urbain.
Qu’avez-vous reçu en héritage ?
Une sensibilité à la musique… mon père jouait de plusieurs instruments et on m’a assise sur un tabouret de piano à 6 ans.
Un petit plaisir quotidien ou non ?
L’apéro.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Oh je ne me prends pas pour un écrivain…
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Peut-être la pieuvre géante de Vingt mille lieux sous les mers dans un livre rouge aux tranches dorées.
Et votre première lecture ?
Enid Blyton dans la bibliothèque rose… un Oui-Oui ça compte ?
Quelles musiques écoutez-vous ?
Un spectre très large suivant le moment et l’humeur : j’ai beaucoup écouté du classique de l’opéra du free jazz de la musique concrète et acousmatique… Fauré Debussy Schubert Ravel Satie Carla Bley Robert Wyatt John Cage et plein d’autres mais ces dernières années beaucoup d’électro
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Les radis bleus de Pierre Autin-Grenier.
Quel film vous fait pleurer ?
Elephant man… « I am not an animal »…
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Je n’ai pas de miroir chez moi sauf un vieux miroir tout piqueté.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je crois que je finis toujours par oser d’une manière ou d’une autre.
Quelle ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
L’Ultima Thulé, cette espèce de poumon marin flottant entre terre et mer à la limite des mondes connus fait bien voyager mon imaginaire.
Quels sont les artistes ou écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Antonin Artaud — Georges Perros – Jean-Claude Hémery – Mathieu Bénézet – Gaston Miron – Pina Bausch — Kazuo Ohno — Christian Boltanski — El Greco et d’autres encore qui me touchent et m’émeuvent.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un bon pour aller voir les aurores boréales et les falaises de basalte de la sauvage Islande
Que défendez-vous ?
La liberté
Que pensez-vous de la phrase de Lacan « l’amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ?
L ’amour… quoi d’autre dans cette vie…
Que pensez-vous de celle de Woody Allen « la réponse est oui mais quelle était la question ?
Moi aussi parfois je fais semblant de ne pas avoir bien entendu la question…
Et si le cœur vous en dit celle de Vialatte : “L’homme n’est que poussière c’est dire l’importance du plumeau” ?
Le plumeau, ça déplace la poussière d’un endroit à un autre, non ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
On s’arrête là ?
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 28 février 2021.