Luigi Ghirri né à Scandiano (Emilie Romagne) il y a 76 ans est un poète de la vision. Il y mêle les grands angles pour les paysages à des prises plus étroites pour des portraits souvent décalés et ironiques. Peu à peu il a construit un nouveau genre de géographie très personnelle.
Chaque fois il fait preuve de fascination pour les représentations du monde sous forme de dessins, films, posters, cartes. Il accompagne ses corpus de textes théoriques qui ont eu beaucoup d’impact sur la photographie dans les années 70 et 80.
Le livre rassemble les différences séquences de l’œuvre de « Fotografie del periodo iniziale » jusqu’à « In Scala ». Est donc visible la variété de l’œuvre et la curiosité de l’artiste. Un tel travail montre les difficultés à apporter au terme « Réel ». Il prouve que l’affirmation du caractère objectif d’une représentation n’implique pas forcément une référence à l’Idéalisme transcendantal ce qui n’empêche pas — voire le contraire — de bien distinguer le réel de l’imaginaire.
La question de l’objectivité – « insoluble » selon Lacan – permet néanmoins de repousser à une perception sensible trompeuse. Elle crée une possibilité de sens là où l’apparence de réel ramène à sa fantasmagorie et son renversement.
jean-paul gavard-perret
Luigi Ghirri, The Map and the Territory, Mack Editions, 2018, 350 p. - 45,00 €.