Un certain sourire et un sourire certain : entretien avec l’artiste Catherine Perrier

Un certain sourire et un sourire certain : entretien avec l’artiste Catherine Perrier

L‘art de Catherine Perrier (photo Hann Reverdy) est aussi subtil que fractal. L’œuvre produit une réflexion complexe, humoristique, introspective. Les pans s’y multiplient non sans la force d’éros pour permettre à des hypothèses de naître d’une matière romanesque ou non. Tout reste chez la créatrice une question de montages en divers collages et matières. Rien n’est donné tel quel Ce qui fut un terminus ad quem, l’artiste nous le fait prendre – à travers ses chemins de traverse – pour terminus a quo. De quoi perdre notre latin…
Et soudain, tandis que nous croyons toujours traîner dans les faubourgs du corps, Catherine Perrier nous renvoie sur d’autres territoires. L’artiste et ses doubles s’amusent de leur tour. Et ce qui palpite reste avant tout de l’ordre du langage plastique. Il s’active et se met en quête d’une fiction qui ne suit pas un chemin balisé. Divers cerclages regroupant d’étranges personnages ou signes liés à la (re)constitution de versions discordantes offrent peut-être bien une même histoire mais dont nous ne saurons rien et qui reste un mystère. Au voyeur d’y avancer lentement, et en doutant d’en voir jamais la fin.

Voir le site de l’artiste

Entretien :

Qu’est ce qui vous fait lever le matin ?
L’idée de surprendre mon jardin en ouvrant les volets et de me laisser surprendre par lui.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’en ai réalisé certains ( celui d’être artiste par exemple).D’autres se développent et se transforment par le biais de mon travail. D’autres attendent encore dans la malle de mon grenier.

A quoi avez-vous renoncé ?
A être danseuse.

D’où venez-vous ?
De mes rêves.

Qu’avez-vous reçu en héritage ?
Un certain sourire.

Qu’avez-vous du « plaquer » pour votre travail ?
L’idée de gagner facilement de l’argent.

Un petit plaisir quotidien ou non ?
Du chocolat noir.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Me présenter comme « écrivain d’images ».

Comment définiriez-vous votre approche de la mémoire dans votre travail ?
C’est la mémoire de l’enfance que je creuse et interroge sans cesse. Ou comment creuser dans l’intime pour effleurer l’universel. « C’est sur le plan de la rêverie et non sur le plan des faits que l’enfance reste en nous vivante et poétique. » Gaston Bachelard

Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpella ?
La tapisserie désuète d’une chambre dans la maison de campagne de mon enfance

Et votre première lecture ?
« Mythes et Légendes »

Quelles musiques écoutez-vous ?
Classiques et variétés : Requiem de Mozart, Fauré…. Léo Ferré, Gainsbourg…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Océan mer »
d’Alessandro Baricco

Quel film vous fait pleurer ?
« Les ailes du désir »
de Wim Wenders

Quand vous vous voyez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Un double

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Un philosophe.

Quelle ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Venise.

Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Rembrandt. Fontana. Boltanski. Bacon. Beuys. Michaux. Camus. Duras. Alessandro Baricco. Arnaud Cathrine.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une surprise. J’adore les surprises.

Que défendez-vous ?
L’humanisme.

Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’amour c ‘est donner quelque chose qu’on n a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. » – Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle est la question ?
Ces deux phrases m’évoquent l’absurde. Et l’absurde m’inspire cette phrase de Camus : « Je tire de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté, ma passion. Par le seul jeu de ma conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort. »

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment définiriez-vous votre processus de création ?

Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour leitteraire.com, le 7 avril 2017.

Laisser un commentaire