Tristan Felix, Aux Racines du Vivant (exposition)

Tristan Felix, Aux Racines du Vivant (exposition)

Débarrasser le monde de sa lèpre

Tristan Félix ne cesse de nous sortir hors du « globish » contemporain. Ici, avec une quarantaine d’œuvres : « du dessin fouillé échevelé à l’encre de Chine aux empreintes ensauvagées de pigments naturels, en passant par la gravure rehaussée ». L’objectif est majeur puisqu’il s’agit de la promotion de « l’énergie infinie des visions de l’imagination, levier vital de prises de conscience de l’hybridation irrépressible du vivant – entre le rire, l’effroi et la tendresse. »
L’auteure et créatrice tient ses promesses par des métamorphoses là où Ovide, Cervantès, Dante, Kafka et Youti Norstein ne sont jamais loin.

Ses différents « tableaux » sont des actes de magie noire ou première. La visionnaire étrille les images toutes faites de ses donnes bien plus que primesautières. Car la profondeur est là, dans la matrice d’un fantastique sur un modèle quasi chamanique.
L’artiste n’envisage la création que « comme une improvisation sur le fil rouge du rasoir. » Et ce, afin de montrer son fait à une humanité qui, dès son apparition fut souvent suicidaire.

Il s’agit alors par les images de faire lever du vivant. Cela, à partir de tous les lieux du monde où on expulse – c’est-à-dire de partout. Dans ce but, Tristan Félix ne cesse de « remonter toute l’échelle des vertèbres jusqu’au gisement de moelle ».
Riche de son humour et du sentiment tragique de la vie, elle cultive des images hirsutes au nom d’une sorte d’héritage magique dont elle s’est emparé.

Tout chez elle reste en fusions, érosions et chimères. Existe une étrangeté sauvage ou inquiétante pour tenter de débarrasser le monde de sa lèpre. Ce qui n’est pas une mince affaire.
Mais l’artiste s’accroche. Elle ne se donne pas d’autres choix.

jean-paul gavard-perret

Tristan Felix, « Aux Racines du Vivant », 60Adada, Saint Denis, du 28 février au 15 mars 2020.

Laisser un commentaire