Pierre Lepère, Le bal des absents
Les bals des mots dits ouvrent cette danse des absents que – mine de rien – nous sous-estimons peu intéressants ou bons pour la roture. Pierre Lepère les rappelle à nous dans sa prose aigue, dense, non banale.
L’émotion naît de l’alternance entre diverses considérations plus ou moins douteuses, mais le lecteur se laisse envahir par des émanations de certains tueurs et tueuses lumineux ou livides.
En de telles histoires nous ne savons rien d’hier ou d’aujourd’hui. Tout file comme à l’eau des vasières au profit d’élucubrations farcesques ou non au moment où les personnages subissent des aléas inattendus.
Bien des vies supposées s’y écorchent pour le plaisir de la lecture et pour redonner une origine quasi légendaire à cet écorchement là où l’imaginaire rejoint peu ou prou un certain réel.
Mais sous les orages, c’est « sauve qui pleut ! » et le lecteur s’éclate en de telles nouvelles. Même si ce n’est pas leur but premier, elles permettent de forcer à ne pas penser court, à n’aimer rien de médiocre, ouvrir à des grandeurs de torsions multiples.
Pas de moraline puritaine en de tels crépuscules et en dépit de possibles de catastrophes qui rangent de l’actuelle pandémie au rang d’anecdotes. Le monde peut sembler en déroute en de telles digressions. Elles sont aussi méchantes que délicieuses.
Le lecteur peut y cultiver une perplexité ahurie et des doutes rigolards mais aussi un certain détachement qui permet de respirer avec le souhait qu’un espoir peut briller – mais pas forcément pour les personnages ou leurs ombres que Pierre Lepère agite.
jean-paul gavard-perret
Pierre Lepère, Le bal des absents, Editions Douro, coll. Bleu Turquin, 2022, 96 p. – 16,00 €.
