Paolo di Paolo, Mondo Perduto. Fotografie 1954-1968

Paolo di Paolo, Mondo Perduto. Fotografie 1954-1968

Lumières, non éclairages

Di Paolo a commencé la peinture à 16 ans autour de « Grouppo Forma 1 » qui se voulait formaliste et marxiste. Mais, très vite, il bifurque vers la photo. Il commence au milieu des années 50 une collaboration au magazine « Il Mondo » pour illustrer des articles sans forcément coller à leurs propos.
Influencé par l’âge d’or du cinéma italien de l’époque, il passe lui-même d’un attrait aux images néoréalistes à celui d’une « dolce vita ». Il la capte comme personne par ses dons, son regard, son élégance. Il est introduit dans le milieu aristocratique italien et le monde des stars.

Son cliché de 1956 de la star du cinéma muet Gloria Swanson prenant une pose de danseuse exotique à la Villa d’Este de Tivoli le rend célèbre. L’actrice qui se contorsionne ressemble à un des arbres du lieu. Et il devient (entre autres) le photographe de l’intimité des mythes vivants du cinéma. Ses photos possèdent un caractère magique dans leur classicisme. Marcello Mastroianni s’y retrouve seul devant sa tasse de café sous la cascade lumineuse issue d’une fenêtre.
Peu à peu il travaille pour plusieurs magazines, parcourt l’Europe, les USA, l’URSS, le Japon où il capte les changements sociaux de l’après-guerre.

Il réalise aussi un grand nombre de portraits d’écrivains et de réalisateurs : de Pound à Pasolini dont il crée le plus puissant portrait et toujours à la recherche du meilleur éclairage. Plus que travail d’un photographe documentaire, ses prises sont celles d’ un artiste qui déroge à celui des paparazzis.
Lorsqu’ils prennent le haut du pavé, il renonce à son art, épouse son assistante dont il est l’aîné de vingt ans et devient professeur d’histoire et de philosophie. Le tout sans avoir jamais publié sa photo de Pasolini qu’il jugea trop parfaite.

jean-paul gavard-perret

Paolo di Paolo, Mondo Perduto , Fotografie 1954-1968, Marsilio Editori, Rome, 2019.

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