Michèle Katz, Chronique d’une femme mariée

Michèle Katz, Chronique d’une femme mariée

Femme au bord de la crise de nerfs

Saisissant la réalité comme l’imaginaire, Michèle Katz propose des espaces intimes d’une femme mariée à coup de Rotring Radiograph et sur support papier.
Cette technique anticipe la pensée dans une chronique qui échappe au journal intime comme au récit documentaire.

Néanmoins, la vie est là en divers constats intimes (menstrues) ou politiques (le handicap). Créées au début des années 70, ces images osent les organes génitaux sans tabou ou érotisme. Tout est fractal dans cette économie libidinale – mais pas seulement.
L’artiste à la fois s’accorde au mouvement féministe tout en s’en détachant.

Michèle Katz fut et reste une femme libre. Elle évoque dans ces dessins au besoin ses déboires conjugaux mais se retrouve tout autant, et par exemple l’influence de Bob Wilson, dans les plasticités et les décalages qu’elle propose. L’ensemble n’a pas pris la moindre ride. Au contraire. Et l’artiste – entre vulves et phallus – en appelle à l’imaginaire des regardeurs qui ne sont plus seulement voyeurs.
La maternité elle-même y est revisitée sans comité d’éthique ou de modération là où la violence n’est jamais occultée. Sa présence et ses tensions créent l’insurrection du sens.

Bref, l’artiste réveille de bien des sommeils. Et ce, comme si le dessin se défaisait de lui même dans sa construction : c’est le mystère que nous ne pouvons comprendre parce que nous y sommes pris.
Et c’est aussi parce que l’artiste ne connait pas l’image qui délivre qu’elle continue aujourd’hui encore à la chercher.

jean-paul gavard-perret

Michèle Katz, Chronique d’une femme mariée avec entretien de l’artiste avec Mano, Burg, Editions LAAC – Dunkerque, 2020.
Exposition du 26 janvier au 30 août 2020
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