Marie Ndiaye, Un temps de saison
Une nouvelle qui laisse perplexe, entouré d’un voile de mystère, peut-être Marie NDiaye est-elle parvenue à nous jeter un sort ?
Difficile de livrer un commentaire précis tant cette « fable » propose différentes interprétations. Pour y voir un peu plus clair, il faut disséquer le roman et dans un premier temps évaluer le style pour ensuite se pencher sur le fond. En ce qui concerne le style donc, lui aussi suscite divers avis. Soit l’on adhère et alors on ne trouve rien à redire, le texte est ancré dans son époque, en cohérence avec son temps, épouse les bons et surtout les mauvais côtés de l’évolution de la langue. C’est lorsque l’on ne trouve pas son compte dans le style, que la « nouvelle » devient alors une torture littéraire. A peine composé de 141 pages, le roman paraît interminable. Son rythme lent et lourd est la conséquence de plusieurs éléments : le style scolaire, basique, faussement léger, la lenteur des personnages, les décors figés … Le texte semble comme être livré en bloc, sans finesse ni ornements. Le lexique est pauvre, les personnages n’ont pas de force. Les dialogues sont presque toujours futiles et vide de sens. Bref, un roman sans style, un roman qui se confond avec la masse.
Quant à l’histoire, elle est intéressante mais étrangement exploitée. Herman, parisien d’origine, passe ses vacances d’été avec sa femme Rose et son fils, dans un petit village de province. Début septembre, alors que la famille doit rentrer à Paris, Herman ne retrouve plus Rose et son fils. Va s’en suivre une histoire improbable. L’oscillation permanente entre réel et fantastique, sans jamais qu’on en soit convaincu, dérange le récit et, avant tout, le lecteur. On a très vite l’impression d’être sur une barque à la dérive : le mouvement des vagues nous donnerait presque le mal de mer. En résumé, l’histoire devient vite agaçante. La caricature du provincial est aussi grossière. Même si le texte se veut satirique et prétend se moquer des clichés, il n’a rien d’original.
Pour mieux aborder l’univers de l’auteur, il conviendra de se diriger plutôt vers Trois Femmes Puissantes.
yoann solirenne
Marie Ndiaye, Un temps de saison, Minuit, 204, 144 p. – 6,80 €
Marie Ndiaye est née 1967 dans le Loiret. En 2001, elle remporte le prix Fémina pour Rosie Carpe, et en 2009 le prix Goncourt pour Trois Femmes Puissantes. En 2009, selon un sondage commandé par l’Express, elle est considérée comme l’écrivain française la plus lue.