Jean-Luc Outers, Hôtel de guerre
Jean-Luc Outers plonge lectrices et lecteur dans une remontée dans le temps, un vertige mémoriel en se donnant rendez-vous avec lui-même en un pan de passé collectif et un fragment de passé intime.
Retrouvant les rues de Zagreb avant un vol pour Bruxelles, l’écrivain va au Musée des cœurs brisés qui abrite des objets témoignant d’une séparation amoureuse, laissés par des êtres endeuillés par une rupture sentimentale ou la mort de l’aimé.
Dans des lieux reconstruits Anna (anesthésiste italienne rencontrée dans un hôpital ) hante l’écrivain. D’où la recherche du temps passé qui se confond avec cette femme : pendant un demi-siècle, rien n’a épuisé l’amour.
Sans lyrisme, le récit retrace les ondes de choc d’une ville pilonnée par les forces serbes, les quartiers détruits, les survivants bosniaques. D’une époque à l’autre, l’auteur se demande ce que l’écriture peut faire face à la destruction.
Peut-être ériger les mots contre la brutalité du monde sans la nuit qui tombe sur la ville où des ombres s’activent pour témoigner de la vie.
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jean-paul gavard-perret
Jean-Luc Outers, Hôtel de guerre, Gallimard, coll. « L’infini », 2022, 192 p. – 18,00 €.