Jean-Claude Silbermann, Trois chameaux rue de la convention ?

Jean-Claude Silbermann, Trois chameaux rue de la convention ?

Ce que « ça » cache

Nous ne dévoilerons pas ici – pour préserver son plaisir au lecteur – la clé du tétragramme « srrlsm ». Nous ne retiendrons ici juste ce que le livre ouvre en tant que désir et donc empiétement sur la mort et ce qu’entraîne pour l’auteur ce que parler du « srrlsm » veut dire. L’exposé de Silbermann suite à son « enquête » publiée d’abord en solo,  est complété ici des réponses à « l’existence très singulière et rares des actes » que des lecteurs (non des moindres) ont construits à partir du récit de l’auteur, parfois en répondant aussi à ses questions.
Claude Courtot, Annie Salager, Maxx Schoendorff (quelques mois avant sa disparition), Robert Lepeltier, Anne Tronche et quelques autres ont donc complété à bon escient l’ouvrage. Chacun prouve à sa manière que souvent « ce qui reste de l’ivresse c’est la beauté du flacon » (Schoendorff).

Le sujet apparemment imparable posé en énigme par Silbermann possède donc ses propres limites et ses interprétations, entre autres sur le plan de l’érotisme – mais pas seulement et souvent dans une condensation exemplaire. Certaines réponses mettent à mal certaines idées du maître de cérémonie.
A ses sédimentations répondent des expériences qui cassent le fil de l’auteur lorsqu’il estime, par exemple, que l’idée que l’inconscient se dissout dans l’amour et que la conscience de soi est armée du langage. Ce qui ne sont que des vues de l’esprit ou des frontières blagueuses.

Entre le « naufrage intérieur » qu’entraîna l’histoire racontée par l’auteur et ses conséquences, s’inscrit la raison d’être des rêves et de l’inconscient et leurs saillies sur le monde symbolique qu’une école prétendit faire jouer du côté du désir de manière aussi simple que manipulatrice. La domination du monde auquel un certain Pape voulut croire par ce qu’il souleva reste pourtant d’une clairvoyance qui n’a rien d’enchanté.
Il suffit de revenir à Lacan sur le même sujet pour remettre en cause certains dénouements qui ressemblèrent à des dénuements au nom de la désolante rengaine socratique citée par Silbermann :  « je ne sais pas ce que je sais ». C’est plus compliqué que cela. Les lignes de partage ne se limite pas à des poses où le poète se veut chercheur aux occurrences douteuses et malentendus trop souvent mis sous le tapis. C’est là où se devinent les bosses de certains chats mots.

jean-paul gavard-perret

Jean-Claude Silbermann, Trois chameaux rue de la convention ?, URDLA, Villeurbanne, 2018, 182 p. – 12,00 €.

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