Jacques Tardi, Du rififi à Ménilmontant!

Jacques Tardi, Du rififi à Ménilmontant!

Dans les coulisses de l’industrie pharmaceutique…

Nestor Burma est un détective créé par Léo Malet. Ce dernier ambitionnait d’écrire un roman policier par arrondissement de Paris. Il n’a pas eu le temps de terminer son projet, il en manque cinq.
Jacques Tardy a adapté en bande dessinée quatre de ces enquêtes, la première en 1982 qui avait pour titre Brouillard au pont de Tolbiac (Casterman). Mais il a, comme le présent album dont il assure le scénario, réalisé en 1990 Une Gueule de bois en plomb (Casterman) parce qu’il avait envie d’inventer sa propre histoire avec ce personnage.
Le XXe arrondissement est resté sans roman. Comme Tardy apprécie ce quartier, il a pris l’initiative d’écrire une nouvelle histoire.

Nestor Burma est un détective privé atypique, patron de l’agence Fiat Lux. Il travaille avec Hélène qui officie comme secrétaire. Ce 20 décembre 1957, Nestor passe à la pharmacie pour soigner un début de grippe. L’apothicaire lui remet des solutions du laboratoire Manchol.
Dans son bureau, une dame l’attend. Elle se présente comme Nicole Manchol. C’est son mari qui fabrique ces potions, mais il est mort. Quand Burma présente ces condoléances, elle lui dit que c’était une ordure et qu’elle l’a tué de deux balles dans le crâne. Elle sort ce pistolet, recommande à Nestor de se méfier du père Noël, et se tire une balle dans la bouche. Et le détective débute une enquête dans Ménilmontant qui ne va pas être de toute repos car…

Avec cet album, Jacques Tardi livre un brillant hommage au cinéma des années 1950, ce cinéma noir d’après-guerre. Il s’inspire de quelques chefs-d’œuvre en la matière créant un superbe jeu de piste pour cinéphiles. Il emprunte, par exemple, des plans, des lieux de quelques films célèbres de cette époque. Il travaille, pour ses décors avec moult repérages, prend des photos en regrettant que madame Hidalgo ait tellement défiguré Paris. Et, entre photos actuelles et photos d’archives, il reconstitue un quartier tel qu’il existait en 1957. Et c’est superbe.
Il met en scène, outre les protagonistes de la série, tels Nestor Burma, Hélène sa secrétaire et assistante, le commissaire Faroux et le journaliste Covet, des personnages connus. C’est ainsi qu’au détour de vignettes on peut reconnaître Didier Daeninckx, Daniel Pennac, des habitants du quartier Ce récit est l’occasion, pour l’auteur, de militer contre l’expérimentation animale.

Ce nouvel épisode des enquêtes de ce détective est intéressant à découvrir tant pour ses balades dans le quartier, la galerie de personnages singuliers, des individus qui fleurent bon des années bien révolues qu’une intrigue savoureuse.

feuilleter l’album

serge perraud

Jacques Tardi (scénario, d’après les personnages de Léo Malet, et dessins) & Jean-Luc Ruault (couleurs), Du rififi à Ménilmontant !, Casterman, novembre 2024, 192 p. – 25,00 €.

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