Giuliano Da Empoli, L’heure des prédateurs
Les nouveaux princes
Giuliano Da Empoli, écrivain italien et enseignant, auteur entre autres des Ingénieurs du chaos, brosse ici un essai au scalpel sur le bouleversement du monde dans la disparition de la politique. Remplaçant la fiction par la réalité, l’auteur croque des personnages de prédateurs. Héritiers de Machiavel, ils font évoluer et progresser un monde illégitime sans aucunes règles face à la sidération des adversaire.
Nous sommes donc entrés dans l’époque de l’erreur. Elle est non conjoncturelle, elle perdure par l’irruption d’une nouvelle forme de violence dans des technologies offensives (dont le numérique) où non seulement les dirigeants mais les « Gafa » prennent le pouvoir en conquistador.
L’essai est vivifiant (du moins si l’on peut dire) là où les gouvernants sont décapités par la « tech » du nouveau monde en un nouvel empire. Le multilatéralisme meurt. Et ici, Joe Biden est un grand-père qui s’éternisa pour couronner les funérailles du monde. Une nouvelle oligarchie marque une montée en puissance par les entrepreneurs de Google et bien d’autres constructeurs des machines de guerre dans l’hégémonie du chaos.
Le vieux système est balayé par la cruauté du monde dans ce nouveau système des conquistadors. Et ce, des USA, de l’Argentine au Salvador et bien d’autres pays. Le tout au nom d’une efficacité de toutes les règles remplacées par de nouvelles arnaques en cette galerie de portraits de patibulaires machiavéliques. Les Borgia ne sont pas loin : ils renaissent.
jean-paul gavard-perret
Giuliano Da Empoli, L’heure des prédateurs, Gallimard, 2025, 160 p. – 19,00 €.