Fiona Mozley, Elmet
Ce premier roman de l’anglaise Fiona Mozley met en présence d’une famille du Yorkshire. Elle vit dans les bois et se nourrit de viande eu égard à un père ogre viandard et chasseur. Il ne connaît ni les légumes ni les fruits mais, peu à peu, la narratrice (sa fille) change la donne de ce roman gothique à la fois conte bucolique et thriller hard-core.
Le livre passe du paradis à l’enfer là où la campagne n’est plus celle des soeurs Brontoe. Un seigneur féodal capitaliste va mettre le feu à l’harmonie agreste non sans figuration politique de type Brexit. Une jacquerie prend forme pour se confronter à et s’insurger contre ce maître dans un déchaînement de violence décrit par une enfant.
La première moitié du livre (le conte) est un peu longue. Entre autres dans sa confrontation manichéenne nature et culture et autres oppositions. Elles sont parfois poussées en un systématisme inversé – du masculin et du féminin par exemple.
Dans ce premier temps, tout sent souvent le décor et le procédé. La seconde partie est bien plus probante. La vie devient plus matérielle car l’écriture sort de la pesanteur de la démonstration pour se laisser aller à une énergie certaine qui rappelle d’autres jeunes écrivaines anglaises comme Daisy Johnson.
jean-paul gavard-perret
Fiona Mozley, Elmet, traduction de Laetitia Devaux, Joelle Losfeld éditions, Paris, 2020.