Exodisme

Exodisme

Latérite verte et rouge, arbres foudroyés. Sur la carte déployée le pays des concessions. Draisine sur la voie ferrée. Ton savoir, tu me l’as enseigné. avant que le gris noir ne s’est étende avec le bruit sourd de l’avion. Gabao : du temps a passé. Ses paysages qui étaient dans tes plis se versent en mon écriture d’herbes.
Mes mots, je les ai entendus dans l’absolu des tiens. Ton Afrique est l’art de voir à l’intérieur du miroir. A la luminescence de ton nom j’ai pris pris corps. Pour la première fois, la terre était devant moi : ses millets étaient bleus ainsi que son orge tandis que ton duvet s’emparait de mes chevaux de frise. Dans l’incendie des ronciers secs l’amour fit offrande de ta robe sur le bûcher des savanes. Parfois, émerge encore un lambeau de désert oublié : un lambeau de l’ordre de l’écharpe dont le sable désobéissait à la nuit. Un oasis émergea d’une guerre d’oiseaux. Il devint leur flèche, leur pâmoison et le chant. Voilette violette sur la peau des moutons qui couvrirent la nuit de tes épaules.

Naguère, tu les pendis à un clou de fer comme d’autres éteignirent une lanterne : en soufflant sur sa flamme, tu l’allumas. Il me resta à me coucher dans tes lacis fauves. Tu as épuisé les masques. On voit ce qui reste dessous. Ta couche là-bas était prêt dans le tulle vert où oscillaient les planètes. Le pourpre jaillissait. Mais j’en reste éloigné. Alors, pour me consoler, dis-moi le nom des poissons, extrais du pavot l’amère confiture.

Que le grand dieu de l’éveil quitte le bulbe. Il y a encore des femmes sur le marché à vendre l’huile de palmier. Leurs silhouettes sont presque mortes, mais restent musiciennes de tes Sud. Cela reste énigmatique, mystérieux mais je sais que la force sexuelle qui les prend peut devenir effrayante. L’opération est violente. Mais elles se donnent. L’Afrique est une femme qui peut répondre à toutes les questions qu’elle ne pose pas. Elle est cette arche bondée de scansions qui jouirent du déluge.

jean-paul gavard-perret

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