Edelweiss [France Fascisme] (Sylvain Creuzevault)
Comparaître, justement
Des caractères sont projetés sur l’écran de façon rapide et incomplète, jusqu’à ce qu’une citation de Brasillach se dévoile : « plutôt Hitler que le Front populaire », qui marque le point de départ de la représentation. On assiste d’abord au procès de Robert Brasillach. Sylvain Creuzevault prend le parti de présenter une série de comparutions.
Nous voyons des scènes propres à documenter un procès. Pour autant, il ne s’agit pas d’un réquisitoire ; l’instruction ne semble pas à charge. La succession des images projetées sur l’écran, en s’accélérant, exprime la confusion de l’histoire. Des personnages sûrs d’eux-mêmes mais doutant, clament des valeurs et des options qu’ils savent audacieuses et susceptibles de leur attirer les foudres de leurs contemporains, voire de la postérité.
L’enquête est dynamique et édifiante : il s’agit de savoir comment on adhère à des idéaux qui conduisent au massacre. Les patriotes ont une grille de lecture qui semble résister aux événements : il s’agit moins de savoir quand on verse dans la compromission que de se montrer fidèle à un esprit dont la logique échappe tout en paraissant s’imposer irrésistiblement.
Le spectacle se révèle certes redondant dans sa forme, mais des variations de jeu, de costumes et de chorégraphie tiennent le public en haleine devant cette déroute permanente aux aspects de fuite en avant dans la succession échevelée des événements. A terme, le parti-pris descriptif conduit les personnages à se retourner devant leur juge : il nous revient de nous prononcer sur leur cohérence et leur culpabilité, sans complaisance ni indulgence.
Christophe Giolito
Edelweiss [France Fascisme]
mise en scène Sylvain Creuzevault
© Jean-Louis Fernandez
de et avec Juliette Bialek ,Valérie Dréville, Vladislav Galard, Pierre-Félix Gravière, Arthur Igual, Charlotte Issaly, Frédéric Noaille, Lucie Rouxel et Antonin Rayon, avec l’amicale participation de Nicolas Bouchaud. Les Francs-tireurs et partisans – main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI) Pierre-Félix Gravière, Vladislav Galard, Arthur Igual, Charlotte Issaly et Frédéric Noaille.
Assistanat à la mise en scène Ivan Marquez ; dramaturgie Julien Vella ; lumière Vyara Stefanova ; création musique, son Antonin Rayon, Loïc Waridel ; scénographie Jean-Baptiste Bellon, Jeanne Daniel-Nguyen ; vidéo Simon Anquetil ; maquillage, perruques Mityl Brimeur ; costumes Constant Chiassai-Polin ; régie générale Clément Casazza.
Création le 21 septembre aux Ateliers Berthier dans le cadre du Festival d’Automne 2023
Du 21 septembre au 22 octobre au Théâtre de l’Odéon – Ateliers Berthier
1, rue André Suarès, Paris 17e (angle du bd Berthier), Porte de Clichy, à 20h, durée 2h10.
Production Le Singe coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris, La Comédie de Saint-Étienne, Théâtre Garonne – scène européenne à Toulouse, L’Empreinte – scène nationale Brive-Tulle, La Comédie de Béthune, Points communs – scène nationale de CergyPontoise avec la participation artistique du Jeune théâtre national la compagnie est soutenue par le ministère de la culture / direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine en coréalisation avec le Festival d’Automne à Paris.
Tournée 2024 :
Du 28 février au 5 mars Théâtre Garonne, scène européenne de Toulouse
Du 12 au 15 mars Comédie de Saint-Étienne
Les 21 et 22 mars Bonlieu, scène nationale d’Annecy
Les 27 et 28 mars L’Empreinte, scène nationale de Brive
Les 30 et 31 mai Points communs, scène nationale de Cergy-Pontoise
