Didier Ayres, Cahier, « Fragment II » ou Chercher

Didier Ayres, Cahier, « Fragment II » ou Chercher

Le Cahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour support un cahier Conquérant de 90 pages à petits carreaux; il est manuscrit jusqu’au moment où je l’écris de nouveau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la possibilité donnée à l’écrivain de, tout en parlant de lui, tenir un discours pour autrui.
J’aime la forme « je », qui a des principes d’identification auxquels je prête foi.

Fragment I tiré du Cahier ou Chercher

Ici, il est nécessaire de rejeter ou de choisir. Pour œuvrer le livre, notamment. Surtout si on le considère dans son symbolisme : labyrinthe, cercle, géométrie inépuisable.
Un cercle qui se renouvelle. Différentes quadratures. Espace rectangulaire de la page, en particulier.

Le cahier, habitation, maison de l’être, foyer, refuge glorieux, chambre toujours ouverte et invisible, séjour, lien et blessure. Cette demeure accomplit une durée. Et cela pour se garder vacant.
Rester vacant pour accueillir. Raisonner. Faire liaison avec soi. Il me faut un endroit à anéantir. Je dois faire disparaître. Donc attendre.

Pour moi : domaine de la pensée. Instruire le drôle de procès de l’insecte qui se débat dans la coupe d’alcool collante.
Trouver la valeur de l’angoisse, là où séjourne un arc de feu intérieur, susceptible de faire combustion du temps, des pensées en sphères.

Jeu du palet qui occasionne la danse. Il est net que ce ballet se déroule hors de toute socialité, sujet à l’intériorité, loin du monde social. Toute partialité.
Semblable à l’ébriété de certains rites de possession. Mais bizarrement, sans brutalité, sans effusion de sang, sans cri. Juste le livre qui avance.

Autrui poursuit le chemin. Dieux et déesses sont grands dans ce miroir que nous livrent les époques anciennes, jamais révolues, toujours en action.
Et autrui devenu patient, psychanalysé. Surtout touché par la même maladie de l’angoisse.

Pages multiples, dont la tension se reporte sans fin dans la page elle-même sans presque aucun changement. C’est un état suspensif. Ailleurs.
Car lentement il faut que cela s’immobilise. Pour que l’inquiétude nouvelle voie le jour. L’immobilité pour finir. Finissante.

Vie, poésie, lutte anxieuse, travail, dilatation en soi de la physicalité du cahier, obliquant sans pouvoir faire autrement,  ne connaissant que la réalité double du carnet, la vie complexe du désir, celle aussi du manuscrit, la beauté.
La pensée et ses épithètes. Des universaux simplement.

Ma personnalité inconsciente va dans sa propre nuit. Au travail des crépuscules. Noirceur presque limpide. Aller souvent vers des mondes inconnus.
Saisir l’incidence de ce flot lumineux, par exemple. Est-ce cela ? cette présence ? ce mystère ? Pour qui créer ?

 didier ayres

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